La CGT fait sa rentrée
Ce n'est assurément pas une rentrée sociale comme les autres. Sept Français sur dix persistent à rejeter la réforme du Code du travail imposé par l'exécutif et, majoritairement, l'opinion soutient une reprise du mouvement en cette rentrée. C'est dire combien le climat social est pesant alors même que gouvernement et l'opposition s'écharpent sur des débats aussi essentiels que le « burkini » et que les médias titrent sur les ambitions d'un encombrant ministre démissionnaire.
À la veille d'une nouvelle intersyndicale, cette rencontre des dirigeants des organisations professionnelles et territoriales de la CGT a permis de faire le point sur la préparation de la mobilisation unitaire du 15 septembre. Comment relancer, poursuivre et si possible amplifier la mobilisation contre la loi « travail » désormais adoptée sans vote et dont Manuel Valls veut accélérer la publication des décrets ? Quelles thématiques revendicatives au-delà de la simple exigence d'abrogation du texte ? Telles étaient, notamment les questions soulevées par les militants réunis à Montreuil.
Des interrogations, mais aussi des réponses comme celles esquissées par Laurent Trombini, militant chez Thales. Dans cette entreprise où sept salariés sur dix sont ingénieurs et cadres, la bonne manière de mobiliser « c'est de partir de ce que les salariés vivent concrètement : l'augmentation de la charge de travail, le forfait jour, le travail à domicile. C'est aussi une négociation dans l'entreprise qui vise à remettre en cause le temps de travail et des avantages acquis depuis des années. Ce que nous vivons est l'application concrète de la loi El Khomri. »
PARTIR DU VÉCU
Un point de vue partagé par d'autres militants telle Sonia Porot pour qui « si les salariés ont réagi si fort au printemps contre cette loi, c'est parce qu'elle constitue une remise en cause concrète des garanties collectives, du temps de travail. »
Et la secrétaire générale de la CGT des Yvelines assure que « pour relancer le mouvement, il faut par exemple partir du travail, de l'aspiration à bien faire son travail. Ça pose les questions du manque d'emploi, de l'insuffisance de reconnaissance des qualifications ».
« Partir du concret, du vécu, c'est encore la démarche de la CGT girondine explique Corinne Versigny : si les salariés se mobilisent, c'est pour quelque chose. La leçon que nous tirons du mouvement contre la loi “travail” c'est que partout où nous avons fait le lien entre cette loi et les revendications et aspirations des salariés, nous avons réussi à mobiliser. »
« Chez les cheminots, on va déposer un préavis de grève, mais on y mettra aussi un contenu revendicatif fort », annonçait quant à lui Gilbert Garrel, le secrétaire général des Cheminots CGT qui y voit « la condition sine qua non pour que les salariés trouvent un intérêt direct à la mobilisation et que le mouvement, qui se relance à partir du 15 septembre, s'inscrive dans la durée ».