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INTERMITTENTS

La CGT spectacle se mobilise pour l’assurance chômage

12 décembre 2018 | Mise à jour le 12 décembre 2018
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Le gouvernement qui a imposé la réouverture de la négociation sur l'assurance chômage exige des économies exorbitantes. Le patronat veut notamment les faire porter sur le régime des intermittents du spectacle et se heurte à la CGT Spectacle. Face à l'urgence sociale, celle-ci appelle à amplifier la mobilisation.

Lundi 10 décembre 2018, l'assemblée générale parisienne de la CGT Spectacle a fait salle comble au théâtre de La Colline. Objectif : amplifier la mobilisation face aux menaces qui pèsent sur les droits à l'assurance chômage, notamment sur le régime des intermittents. Cela dans un contexte de régression sociale générale, notamment pour tout le secteur, de l'audiovisuel public au cinéma en passant par le spectacle vivant (salaires, formation professionnelle, fragilisation de l'emploi et de la création, etc.)

Des représentants de la CGT Intérim et du Comité national des travailleurs privés d'emploi et précaires CGT étaient d'ailleurs présents, de même que les salariés de lieux ou établissements parisiens menacés ou en grève (le théâtre d'Aubervilliers, Le Tarmac, Arcadi). D'autres AG étaient de plus programmées dans d'autres villes de France.

Ce sont près de cinq-cents artistes et techniciens, syndiqués ou non, qui ont fait le déplacement à l'AG de La Colline alors que depuis début novembre et le commencement des négociations assurance-chômage ils n'étaient quelques dizaines à se réunir. Un effet Gilets Jaunes ? Le sujet a beaucoup occupé les échanges : à l'évidence, le mouvement social reprend du souffle.

Le gouvernement encadre la négociation sur l'assurance chômage

Bien qu'il soit prévu pour courir jusqu'en 2020, l'accord signé en 2016 sur les règles de l'assurance chômage pour les intermittents – annexes 8 et 10 de la convention Unedic – est déjà remis sur la sellette. « Il faut faire respecter la date de 2020, sinon à quoi ça sert tout ça ! » s'exclame Françoise, comédienne. Elle est abondamment applaudie, preuve que l'accélération législative de ces dix-huit derniers mois a pris tout le monde de court.

« En 2017, explique Denis Gravouil, secrétaire général de la CGT Spectacle et négociateur confédéral pour l'assurance chômage, les annexes 8 et 10 avaient été ajoutées à la nouvelle convention. C'est la « loi pour la liberté de choisir son avenir professionnel » votée en 2018 qui donne au gouvernement le droit de forcer les syndicats de salariés et le patronat à rouvrir des négociations sur la base d'une lettre de cadrage qu'il leur impose. » Exactement ce qu'il a fait en septembre dernier.

Les syndicats ont fait annuler la négociation du 11 décembre

Le gouvernement voit grand… dans les économies : 1,3 milliards d'euros par an de baisse de droits, soit 3,9 milliards sur trois ans. « Des économies folles sur le dos des chômeurs, du moins les 43% qui arrivent à être indemnisés » juge la CGT. Au patronat et aux organisations syndicales de négocier entre eux à qui ces droits à l'indemnisation seront retirés, les discussions devant se tenir entre le 9 décembre et le 15 janvier.

Une négociation éclair que les Gilets Jaunes ont contrarié. Revendiquant notamment plus de justice sociale, de justice fiscale, le maintien des services publics de proximité… ils se sont emparés des ronds-points du pays, organisé des blocages, envahi les Champs-Élysées… Bref, ils ont lancé un mouvement social à la faveur duquel les organisations syndicales ont demandé l'annulation de la séance de négociation prévue mardi 11 décembre. Elle devait porter sur le régime spécifique d'indemnisation des intermittents du spectacle.

Le patronat exige des baisses de droits drastiques pour les plus précaires

Si le 9 novembre 2018 Denis Gravouil a déchiré devant les journalistes la lettre de cadrage du gouvernement, le patronat, lui se montre zélé et franchit toutes les lignes rouges posées par les syndicats. Il envisage la suppression des plus petites allocations pour 100 000 à 200 000 personnes et une baisse drastique de 3 à 30 % pour 2,2 millions autres.

Résultat, estime la CGT : « les jeunes, les femmes, les séniors, les cadres seraient touchés en commençant par les plus précaires ». Le Medef, la CPME et l'U2P ont un autre fer au feu : le régime des intermittents sur lequel ils ont l'intention de reporter les économies exigées par le gouvernement pour un montant qui serait estimé entre 43 et 90 millions d'euros par an.

« Pour l'heure nous ne savons pas encore si la séance de négociation du 18 décembre est maintenue, a informé Denis Gravouil, mais la CGT refusera que des économies soient faites sur le dos des chômeurs, des travailleurs précaires et des intermittents ».

S'unir sur les revendications qui rassemblent le plus grand nombreDenis Gravouil
Appel à manifester les 14 et 15 décembre
D'ores et déjà, rendez-vous est pris pour la grande journée d'action lancée par la CGT sur tout le territoire le vendredi 14 décembre en faveur des salaires et des droits sociaux (pensions, protection sociale…) et le samedi 15, là où c'est possible, la CGT Spectacle appelle à converger avec les Gilets Jaunes.

Un début : non seulement les luttes pourraient bel et bien finir par s'agréger, mais, surtout, le gouvernement et le patronat semblent avoir oublié 2016 et la capacité hors pair des techniciens et des artistes à se mobiliser pour défendre le régime de l'intermittence. Et à faire boule de neige.

« Macron a gagné sur la loi travail, il a défait les cheminots, ce soir il dit aux Gilets Jaunes ‘'Je vous lâche 100 € mais vous me laissez l'ISF !'' ». Cédric, monteur, analyse et résume à sa façon la situation : « Macron se dit que c'est le moment ou jamais d'y aller ! 2016 a été un sursis pour nos professions, aujourd'hui il veut les voir disparaître ».

« Ils veulent voir disparaître tous ceux qui sont hors système, renchérit Dominique, comédien, il faudrait gagner l'intermittence pour tous les métiers en discontinu ! ». Tous ne sont pas de cet avis, loin de là, mais tous s'accordent à dire que l'urgence sociale nécessite d'entrer dans la lutte et de « s'unir sur les revendications qui rassemblent le plus grand nombre », comme l'écrit la CGT spectacle dans son communiqué.

De plus, « indignés » par la faiblesse des annonces faites par le Président de la République  le 10 décembre au soir ainsi que par sa volonté réitérée de poursuivre les réformes (retraites, assurance chômage, formation professionnelle, etc.), la CGT Spectacle a déposé un préavis de grève illimité à compter du 18 décembre. À toute fin utile.

Le communiqué de la CGT spectacle

« Pas question de baisser les droits des chômeurs »

Manifestation des chômeurs et précaires à l'appel de la CGT sur fond de colère sociale