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FINANCE

Idée reçue : la cryptomonnaie, c’est cool !

13 mars 2025 | Mise à jour le 13 mars 2025
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Nées au lendemain de la crise financière de 2008, les cryptomonnaies sont présentées comme une alternative aux défaillances du système bancaire traditionnel. Mais derrière l'image émancipatrice se cache une idéologie réactionnaire propice à l'extrême droite.

C'est l'un de ses derniers délires mégalos : lancer sa cryptomonnaie. Le locataire de la Maison-Blanche, Donald Trump, à peine élu, a commercialisé le $Trump, un «  meme coin  », dans le jargon techno, basé sur l'engouement que suscite une image devenue virale sur les réseaux sociaux. Autrement dit, un actif éminemment spéculatif reposant sur… du vent ! « Les investisseurs parient sur la possibilité de le revendre plus cher au prochain gogo. C'est le stade grotesque du capitalisme. Un homme, président des États-Unis, à l'acmé de sa popularité, en profite pour lancer un produit toxique, amoral. Il légitime de fait une “économie casino” où des oligarques puissants, comme Elon Musk, jouent à engranger des milliards en entraînant dans leur sillage des personnes qui veulent aussi profiter de l'argent facile », commente la journaliste Nastasia Hadjadji, auteure d'une enquête passionnante sur l'histoire et le projet politique que véhiculent ces cryptoactifs (No Crypto – Comment Bitcoin a envoûté la planète, Éditions Divergences, NDLR). Nées après 2008 en réaction à la crise financière qui a contraint des États à voler au secours de banques défaillantes, les cryptomonnaies, parmi lesquelles le Bitcoin, se présentent alors comme une alternative basée sur une technologie complexe, réputée décentralisée et infalsifiable. « Les idéalistes rêvent d'égalité, de redistribution, d'horizontalité, d'autonomie et de justice sociale. Pour ces 99 % en lutte contre les 1 %, le système peut être changé, par le bas. Ils adhèrent à l'idée qu'il faut contourner les centres du pouvoir économiques en permettant un accès distribué, démocratique et sécurisé, aux informations », écrit Nastasia Hadjadji. Ces cryptomaniaques sont convaincus que le Bitcoin va rendre le monde meilleur, le libérer des « risques » que font peser les banques traditionnelles sur l'économie. Mais derrière cette vision « cool », entretenue par une propagande bien léchée, se cache une idéologie ultralibérale qui puise ses fondements dans le mouvement libertarien américain.

Peu d'élus, plein de perdants

Ses apôtres, dont se réclame Elon Musk, qui ne cachent plus leur proximité avec l'extrême droite, vouent une détestation absolue à l'État et aux protections sociales qu'il garantit. Dans leur logiciel, l'action individuelle prime sur le collectif et seul le marché est à même d'assurer la prospérité. D'où l'idée d'en finir avec les banques centrales et de privatiser le système monétaire pour le confier à une poignée de milliardaires. Aujourd'hui, plus de 20 000 cryptomonnaies sont en circulation « sur des marchés totalement dérégulés, extrêmement volatiles, où les délits d'initiés sont légion », explique encore Nastasia Hadjadji qui, sur la base d'une étude de la Banque des règlements internationaux (BRI), rappelle que 73 à 81 % des investisseurs particuliers ont perdu de l'argent. Et demain ?

Drame écologiqueLes cryptomonnaies s'appuient sur une technologie de blockchain (stockage et transmission numériques d'informations sans autorité centrale) très gloutonne en énergie. Dans son ouvrage, Nastasia Hadjadji décrit ainsi des fermes de minage (nécessaires à la production de blockchain) où des superordinateurs tournent en permanence, consommant à outrance de l'électricité et de l'eau, au détriment des besoins fondamentaux des populations locales, comme au Kazakhstan ou au Texas. Une hérésie totale vue l'urgence environnementale.