8 janvier 2016 | Mise à jour le 21 février 2017
Par
Dee Brooks
| Photo(s) : Happiness Distribution
Étoile filante de la musique de la fin des sixties, Janis Joplin scintille dans le très juste portrait « Janis » que signe la réalisatrice Amy Berg. Un bel hommage à la chanteuse écorchée vive et rebelle.
Pas facile de voir le jour en 1943 dans une petite ville texane uniquement tournée vers l'industrie pétrolière quand on est une jeune fille qui ne correspond pas au stéréotype de la poupée Barbie… Janis Lyn Joplin montre très tôt un tempérament rebelle, s'affirmant toute jeune contre la politique de ségrégation qui règne au sud des États-Unis.
Et c'est dans le blues qu'elle trouve un écho à ses douleurs intimes, celle d'être le vilain petit canard, d'affirmer, dans un contexte très réactionnaire, que noirs et blancs peuvent vivre ensemble.
Dès qu'elle découvrira – à son immense surprise – qu'elle possède une voix à la fois puissante et expressive, Janis n'aura de cesse de fuir un cadre familial et social où elle étouffe. San Francisco, Los Angeles, New York seront les étapes d'une carrière fulgurante marquée par la rencontre avec tout ce que la pop music compte de célébrités, mais aussi par une forte addiction à l'alcool et à l'héroïne qui finira par la tuer, à 27 ans.
En pleine période du flower power, Janis se révèle au festival de Monterey où elle ébahira le nombreux public, dont Mama Cass des Mama's & Papa's.
Jeune femme intelligente, mais peu sûre d'elle, Janis se jette à corps perdu dans la fièvre de libération de l'époque, collectionnant les aventures avec des partenaires des deux sexes, mais toujours anxieuse de décevoir, ce qui est très clairement exprimé dans les lettres à sa mère (lues par la chanteuse Cat Power) qui ponctuent le film.
Chanteuse et musicienne de talent, femme libre qui entend vivre et réussir à se faire une place dans le monde musical, prenant ainsi sa revanche, Pearl (son surnom et titre de son album posthume) était sans doute trop en avance…
Amy Berg a travaillé sept ans pour réunir une importante documentation et recueillir nombre de témoignages en interviewant les proches de Janis et en récoltant des vidéos de sessions studios ou de concerts qu'elle a eu l'intelligence d'insérer avec simplicité et en leur laissant une belle place dans un montage simple et fluide.
Son film évite habilement l'hagiographie et fera découvrir avec bonheur l'étonnante Janis à toutes les générations.
Bande annonce
« Janis, little girl blue », réalisé par Amy Berg. 1h43.