15 août 2020 | Mise à jour le 9 juillet 2020
Pratique ordinaire, le « bâtonnage » résume à lui seul ce que le productivisme fait aux médias. C'est ce que montre le livre de Sophie Eustache, fruit d'une longue enquête, en nous immergeant dans les rédactions, web notamment.
Dans le jargon des journalistes, bâtonner « consiste à réécrire de manière intensive les dépêches produites par les agences de presse ». Pour Sophie Eustache, qu'on peut notamment lire dans les colonnes de la NVO, cette pratique « pourrait résumer la logique productiviste à l'œuvre dans les services web » et dans une bonne partie des rédactions aujourd'hui.
Inscrivant son travail dans la lignée de la critique des médias menée depuis une bonne vingtaine d'années par Le Monde diplomatique, l’auteure trace le portrait de médias dominants aux mains des milliardaires : Le Monde, propriété de Xavier Niel ; le groupe Canal + détenu par Vincent Bolloré ; Libération aux mains de Patrick Drahi, patron de SFR…
Au bas de l'échelle apparaissent, quant à eux, de jeunes journalistes payés à la tâche qui, s'éloignant du terrain, font un travail aussi éloigné de leurs idéaux. Les sept chapitres de ce livre qui se lit d'un trait illustrent parfaitement son sous-titre : « Comment l'argent détruit le journalisme ». Et le vide de tout son sens, ajoute-t-on volontiers.
Bâtonner – Comment l'argent détruit le journalisme De Sophie Eustache, Éditions Amsterdam, coll. L'ordinaire du capital, mars 2020, 115 pages, 10 euros.