Hôpital public : un démantèlement programmé ?
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Voilà une grève qui aurait pu faire pschitt, mais qui a réussi : « Aucune stratégie n'avait été pensée en amont. Mais les trois syndicats CGT, CFDT et FO qui se sont rencontrés, avaient pris acte de la colère des salariés et de leur volonté de se mobiliser », relate Christophe Couderc, le secrétaire départemental de la CGT Tarn-et-Garonne.
Parmi les difficultés : les syndiqués et élus du CSE étaient alors inexpérimentés en matière revendicative, pour la construction d'un mouvement social ou pour négocier. Ceux de la CGT (majoritaire avec 64 % des voix aux élections professionnelles) étaient d'ailleurs encore en formation d'accueil (et de niveau 1) au début de la grève, « c'est dire le contexte… », précise Christophe Couderc.
La colère éclate début septembre en raison d'un surcroit de travail induit par l'explosion de la demande de tests de dépistage du Covid-19.
Depuis quelques mois, les tensions vont crescendo entre les laborantins et la direction, mais aussi avec les clients des 20 laboratoires de Biofusion. L'absence totale de reconnaissance par la direction de leur surinvestissement dans le travail va mettre le feu aux poudres. Ils n'ont pas reçu de prime Covid, alors que le chiffre d'affaires, lui, a plus que doublé à la faveur de la pandémie.
« Quand on voit les niveaux de salaire des laborantins, anormalement bas (entre 1200 euros net à l'embauche et 1400 euros net en fin de carrière pour des bac +2), alors que le résultat net de l'entreprise dépasse les 4 millions d'euros, on réalise qu'il y a là un vrai sujet à creuser sur la valeur du travail », avance Christophe Couderc.
Intervenu sur place la veille de la décision de faire grève des 130 laborantins, le responsable CGT s'est donc pleinement engagé pour les aider à l'organiser.
Ainsi, plusieurs assemblées générales de salariés se sont tenues, qui ont permis de peaufiner les termes du cahier revendicatif, de programmer une manifestation de rue à Montauban (Tarn-et-Garonne) pour donner de la visibilité au mouvement social. Enfin, une stratégie d'entrée et de sortie de conflit a été mise au point avec les salariés.
Au départ, ceux-ci misaient sur une seule journée de grève. Au fil des AG, ils ont réalisé qu'il en faudrait bien davantage pour faire bouger leur direction, laquelle a d'ailleurs réagi au préavis de grève en fermant ses 20 sites pour faire échec au mouvement, avant de les rouvrir pour s'éviter trop de pertes. C'est à ce moment-là que les grévistes expérimentent, in vivo, ce que « rapport de force » signifie. Et comment l'élever avant de passer à la table des négociations.
La direction de Biofusion a d'abord réagi en passant par l'ARS (agence régionale de santé) pour tenter de réquisitionner les grévistes. À quoi les salariés ont riposté en envahissant l'ARS pour réaffirmer leur droit de grève légitime dans le cadre de la crise sanitaire.
Deuxième coup de force de la direction, le recours aux services de la Direccte en vue d'obtenir une médiation qui lui aurait permis d'esquiver la négociation avec les syndicats. Deuxième mauvaise pioche : les grévistes se sont rendus à la Direccte pour expliquer qu'ils refusaient catégoriquement toute médiation avant l'ouverture de négociations portant sur leurs revendications.
Au 4e jour de grève, ils parviennent donc à faire pencher le bras de fer de leur côté. Dans les deux jours suivants, Biofusion accepte de passer à table et négocie pied à pied avec les syndicats qui obtiennent des avancées (voir encadré). Et ils lèvent la grève à son 7e jour.
« On aurait peut-être pu obtenir davantage en poursuivant la grève, mais c'était un pari difficile pour des salariés dont c'était la première mobilisation. » Et Christophe Couderc de mettre aussi en lumière une convention collective « inférieure au droit commun, un vrai scandale » : du grain à moudre pour de prochaines mobilisations.
Satisfaits des acquis de leur première grève, les laborantins ont repris le chemin du travail. Mais il y a fort à parier qu'ils n'en resteront pas là.
« Biofusion poursuit actuellement une stratégie de fusions-acquisitions pour se muer en grand groupe, et cela ne saurait se faire sans les salariés », a prévenu Christophe Couderc.
De fait, suite aux annonces de l'acquisition d'un énième laboratoire (Proxilab31) et de l'ouverture du capital du groupe Innovi (qui détient Biofusion), le CSE vient de lancer une expertise comptable. Pour commencer…
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