2015, année tragique – partie 1
Qui s’en étonnera ? Selon un sondage Odoxa, pour Aujourd’hui en France/Le Parisien publié dimanche 27 décembre, 81 % des Français ont jugé « mauvaise » l’année 2015.... Lire la suite
Dolores
Rien apparemment ne destinait Niki de Saint Phalle (1930-2002) à devenir une artiste d'avant-garde. Issue d'une famille de grands banquiers – son nom à rallonge (Catherine Marie-Agnès Fal de Saint-Phalle) en atteste, elle est d'abord mannequin et fait les unes des grands magazines américains. Mais Niki est mal à l'aise dans son milieu comme dans son rôle de poupée.
À la suite d'une grave dépression et d'un séjour en hôpital psychiatrique, victime d'un père incestueux, elle crée dès la fin des années 1950 des œuvres bien singulières où la femme est à l'honneur, à la fois victime de sa condition subalterne et héroïne d'un monde à réinventer. La lecture du Deuxième sexe (1949) de Simone de Beauvoir la marque profondément. Elle se revendique féministe autant que féminine. « Je veux être supérieure : avoir les privilèges des hommes et en plus garder ceux de la féminité, tout en continuant à porter de beaux chapeaux », déclare-t-elle.
Sébastien
Le Grand-Palais lui consacre une rétrospective qui présente, avec plus de 200 œuvres et archives, toutes les facettes de l'artiste : à la fois peintre, assemblagiste, sculpteure, graveuse, performeuse et cinéaste expérimentale. On connaît le côté ludique et coloré de ses sculptures mais on ignore souvent la violence et l'engagement présents dans ses créations. Si ses tirs publics (de 1961 à 1970) sur des toiles recouvertes de plâtre blanc, refermant des objets et des poches de couleur soigneusement placés, la rendent célèbre, ils font aussi scandale.
Outre la performance artistique, la carabine vise des autels, symbole du puritanisme américain. Niki dénonce encore la ségrégation raciale ou les guerres coloniales. Un engagement prônant la liberté qui explose à travers les séries des Mariées, Accouchements, Déesses, Nanas, Mères dévorantes, tout comme dans ses performances, ses films, ses textes et ses déclarations. Une sacrée nana !
Niki de Saint Phalle, au Grand-Palais, jusqu'au 2 février,
www.grandpalais.fr
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