Centrale de Gardanne, l'espoir renaît
Un projet de reconversion exemplaire né d'un combat salvateur Lire la suite
À l'appel de la CGT, élus locaux, parlementaires et syndicalistes se sont rassemblés mercredi 17 avril à la centrale thermique de Cordemais en Loire-Atlantique. C'est l'une des deux dernières usines en France à carburer au charbon. Les militants rejoints par Sophie Binet, secrétaire générale de la CGT, défendent le projet de décarbonation de la centrale, Ecocombust 2, qui, en plus de verdir le site, permettrait de préserver les 370 emplois.
En septembre 2023, le président s'est engagé en faveur de cette conversion ; en février, les services de l'État ont validé le projet. Pourtant EDF, détenu à 100 % par l'État, suspend sa décision à l'été, au prétexte de vérifier la rentabilité économique du projet. Les militants lui reprochent de vouloir le « torpiller » en gonflant le business plan. Les prix pointés par EDF « sont des données d'entrée. Comme tout partenaire financier, Paprec devrait négocier », fustige Fabien Deschamps, délégué syndical CGT de la centrale. « Produire de l’électricité avec des pellets de bois, c'est 200 millions d’euros d’investissements », rappelle aussi Sophie Binet qui confronte cette somme aux « 170 milliards d’aides publiques consentis chaque année aux entreprises sans condition ».
La centrale, qui a vu le jour en 1967, fonctionne aujourd'hui uniquement en période de pics de consommation. En 2017, le plan climat prévoit l'arrêt du charbon pour 2022, condamnant, de fait, l'usine à disparaître. L'arrivée d'un premier projet « vert » porté par EDF lui offre un sursis. Aujourd'hui, les salariés défendent la deuxième version du projet Ecocombust, porté par le groupe Paprec, spécialisé dans la collecte et le recyclage des déchets industriels et ménagers. Cette version prévoit la construction d'une usine de black pellets. Ces granulés fabriqués à partir de déchets de bois doivent remplacer progressivement le charbon (jusqu'à 87 %). Le process de production a été pensé par les salariés et a prouvé qu'il fonctionnait. Paprec évoque une économie de six millions de tonnes de CO2 par rapport au charbon. Une perspective un peu « enjolivée » selon le média indépendant nantais, Médiacité. Même s'il n'est sûrement pas parfait, « il entre dans une transition énergétique globale », lui reconnait le sénateur écologiste, Ronan Dantec.
D'autant qu'il y a urgence. Pour les besoins ménagers ou ceux de la réindustrialisation du pays, tout le monde s'accorde à dire qu'il faudra produire plus d'électricité à l'avenir. « Écocombust 2, c'est pour tout de suite. Ce projet permettra de garantir la sécurité énergétique et d'assurer la jointure avec les énergies renouvelables et pourquoi pas avec des SMR [mini-réacteurs nucléaires à fission, NDLR] », a défendu Sophie Binet, qui reproche à l'État son incapacité à organiser cette transition. Or, « en France, de nombreux projets sont travaillés par les salariés pour garantir l'avenir de la production électrique et des emplois ».
Après des années « d'ascenseur émotionnel » pour les salariés et malgré les mauvaises ondes du moment, beaucoup de voyants sont au vert. Le projet a le soutien de la Région et de l'État qui ont annoncé 85 millions d'euros de subventions, et le maire de Cordemais, Daniel Guillé, a signé le permis de construire d'une unité de production de 160 000 tonnes de pellets. Prochaine étape, le 6 mai, date à laquelle « nous rencontrerons de nouveau, Luc Rémont, PDG de EDF », a informé Fabien Deschamps. Sophie Binet a aussi appris que le ministre de l'Économie, Bruno Lemaire, a accepté de mettre rapidement tout le monde autour de la table : « La CGT, les industriels, dont EDF, l'État et les élus locaux. » Car après huit ans de lutte, « il faut arrêter de jouer avec nos nerfs », s'impatientent les salariés.
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Plus de 600 militantes et militants issus de toute la région Provence-Alpes-Cote d'Azur, ont chaleureusement accueilli Sophie Binet à la centrale thermique de Gardanne-Meyreuil.... Lire la suite