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ÉGALITÉ FEMMES-HOMMES

Le Cese rejette une étude sur les temps de vie des femmes

10 janvier 2019 | Mise à jour le 11 janvier 2019
Par | Photo(s) : Jéshoots
Le Cese rejette une étude sur les temps de vie des femmes

Fait inédit, le 13 novembre, le CESE enterrait une étude sur « Le temps de vie des femmes » suite à un vote défavorable du bureau. Durant deux ans, les délégations avaient pourtant travaillé à construire un constat détaillé des inégalités récurrentes entre les femmes et les hommes et des propositions concrètes pour les réduire.

L'égalité femmes-hommes n’est pas pour demain. Le sujet a même provoqué une crise inédite au sein du CESE (Conseil économique, social et environnemental), institution du consensus par excellence. Le 13 novembre dernier, contre toute attente, le bureau du CESE a opposé un vote défavorable à une étude sur « Les Temps de vie des femmes » alors même que celle-ci avait été approuvée par la délégation aux droits des femmes et à l'égalité.

Résultat : deux ans de travail de recherche, d’auditions d’experts, de documentation et de contradiction entre les différents groupes mis à la poubelle. « C’est violent », lâche Raphaëlle Manière, rapporteure de l’étude, vice-présidente de la délégation Droit des femmes du CESE et membre du collectif femmes mixité CGT. Stupéfaite et affligée, elle se souvient de l’enthousiasme qu’avait suscité le sujet en 2016, quand elle l’avait proposé, et des efforts déployés durant tout le processus pour parvenir à un large consensus.

Constat lucide

Qu’y avait-il donc de si sulfureux ? Peut-être, simplement, le constat précis de la façon dont les femmes et les hommes font usage de leur temps et des conséquences de cette répartition sur les inégalités, récurrentes, entre les deux. En clair, et malgré certaines avancées au sein des nouvelles générations, la reconnaissance d’un marqueur de notre temps, à savoir que depuis maintenant bien longtemps, la plupart des femmes cumulent tous les rôles, travaillant et s'occupant majoritairement des enfants et le cas échéant des parents dépendants.

Une réalité dont la société n'a pas pris la mesure, et qui ne fait rien pour accompagner les changements nécessaires. Une réalité renvoyée au seul espace privé. Une réalité reléguée à la « cuisine intime » de ces héroïnes du quotidien qui font parfois trois journées en une (professionnelle, familiale, sociale ou militante) et s'exposent au burn-out et à une charge mentale dévastatrice.

Mesures concrètes

Concrètement, l'étude faisait des propositions pratiques pour équilibrer la répartition entre temps professionnel et familial. Elle revenait d’un côté sur  « le temps de travail, le temps partiel subi, la négociation de l'égalité professionnelle et salariale, le droit à la déconnexion, à la remise en cause du présentéisme, à la prise en compte des temps de trajet, à la recherche d’une meilleure articulation entre travail et vie ». Et de l’autre, sur la revendication « de nouveaux droits pour mieux impliquer les pères dans la parentalité que ce soit avec un congé paternité réellement allongé et obligatoire ou avec le congé parental plus court, mieux rémunéré et obligatoirement partagé (…) ».

Contexte

Résultat : les groupes entreprise, profession libérales, artisanat ou agriculture, traditionnellement conservateurs ont traîné des pieds ou adopté la politique de la chaise vide durant la construction du consensus. Pis, le camp des syndicalistes s’est également divisé au moment de voter.

Alors, quel est le signal envoyé ? La troisième assemblée de la République, caisse de résonnance de la société française – et pourtant strictement paritaire – n'a pas réussi à faire avancer la cause des femmes. S’est-elle fait le relais de relents antiféministes ? Ou le relais de la stigmatisation de la CGT, qui portait cette étude ?