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CINÉMA

Le film « Sankara n’est pas mort », une odyssée africaine sur les traces du capitaine burkinabé

13 mai 2020 | Mise à jour le 14 mai 2020
Par | Photo(s) : Météore FIlms
Le film « Sankara n’est pas mort », une odyssée africaine sur les traces du capitaine burkinabé

Au Burkina Faso, l'héritage social et culturel de Thomas Sankara est encore bien vivace. C'est ce que donne à voir dans un documentaire atypique la réalisatrice Lucie Viver avec son film  Sankara n'est pas mort.

Le cinéma c'est un voyage. Plus encore quand l'œuvre est directement inspirée de la route, du voyage, de l'ailleurs. Cette Odyssée africaine est celle d'une jeune cinéaste Lucie Viver qui, en 2014, va cheminer en compagnie de Bikontine, un conteur aux semelles de vent dans une traversée poétique et politique au Burkina Faso, le « pays des hommes intègres ».

Les premiers plans nous transportent immédiatement dans l'ambiance du pays : ses couleurs, ses sons, son rapport aux temps et à la parole. Dans une petite boutique qui vend de tout, on assiste à une transaction et des palabres. Bikontine y choisit, avec un soin infini et le temps nécessaire, l'outil de travail d'un poète : un stylo Bic !

Road movie au Burkina Faso

Arrivé au pouvoir en 1983 (par un putsch) à l'âge de 33 ans, Thomas Sankara est assassiné en 1987, lors d'un autre putsch de son ancien compagnon d'armes Blaise Compaoré. Celui-ci  restera au pouvoir pendant vingt-sept ans.

Ainsi paré, le voilà prêt à tenter l'aventure, d'un hypothétique départ vers l'Europe, qui passe d'abord par la traversée de son pays, au lendemain du renversement de son président.

Dans ce pays en transition, la chute de Blaise Compaoré soulève l'espoir. Pourtant, au fil des rencontres, les Burkinabés ont vite fait d'effacer Compaoré pour évoquer avec émotion la figure emblématique – et sublimée – de Thomas Sankara, ce militaire devenu chef d'État qui semble plus populaire et vivant que jamais.

Sankara ? Un charisme à la Che Guevara, une tête de héros du peuple, béret rouge de guingois, sourire goguenard défiant le FMI pour réclamer, de meeting en tribunes officielles, l'annulation de la dette de son pays et de son continent. Tout à la fois habile politique et homme de conviction, il aura mené, durant les années où il a dirigé le pays, des réformes politiques essentielles : droit à l'éducation, au logement, à la santé, reconnaissance du rôle des femmes dans la société, préservation de l'environnement, lutte contre l'impérialisme….

« C'est aussi son comportement exemplaire en tant que chef de l'État qui a beaucoup frappé les esprits, constate la réalisatrice Lucie Viver. Il a lutté avec fermeté contre la corruption et réduit drastiquement les frais de fonctionnement de l'État. Lui-même ne roulait qu'en Renault 5 ou à vélo ! » C'est d'ailleurs à l'initiative de Sankara que l'ex-Haute-Volta est devenue le Burkina Faso « en associant deux mots issus des deux principales langues locales et qui signifient littéralement « Pays des hommes intègres ». Les Burkinabè sont évidemment très fiers de ça et, en quelque sorte, ils essayent d'être à la hauteur de cette appellation. »

Rencontres

De villes en villages, on suit le cheminement de Bikontine le long de l'unique voie ferrée du pays, 600 kilomètres de rails qui s'achèvent au milieu de nulle part, comme la symbolique du legs inachevé de Sankara. La scène où le jeune poète pose un pied puis l'autre sur l'ouvrage d'art suspendu dans les airs pour jouer au funambule file joliment la métaphore entre passé et avenir d'un pays qui se cherche.

Pas à pas, on découvre les paysages somptueux d'immensité que la caméra de Lucie Viver filme avec douceur et les qualités « d'écoutant » de Bikontine. Ces deux-là savent mettre en valeur les récits de vie et d'enseignement des Burkinabés qui croisent leur chemin.

Il en est ainsi du médecin du village, de l'institutrice dynamique et engagée, de la femme chauffeur de taxi fière de son indépendance financière. Bikontine (dont le nom signifie « L'enfant adulte ») écoute encore avec délicatesse un gamin solitaire et déscolarisé, des balayeuses des rues, des paysans, un vendeur de T-shirts (à l'effigie du Sankara) ou encore des cantonniers creusant des tranchées pour la fibre sous une énorme publicité de la société française Orange…

La cinéaste a fait le choix de montrer les Burkinabés dans leur diversité sociale et en situation de travail, parce que si « visuellement le travail raconte tout de suite qui est la personne filmée », il révèle aussi « plus globalement l'état de la société », note avec justesse Lucie Viver. Par leurs discours simples et forts, ces Burkinabés font vivre l'empathie, la poésie et le sens politique au quotidien. Un espoir pour la société de demain ?

Prévu pour une sortie en salles le 29 avril, le film Sankara n'est pas mort est disponible en e-cinema sur : 25eheure.com et devrait être prochainement diffusé sur TV5 Monde.

Sankara n'est pas mortRéalisé par Lucie Viver. 1 h 39.
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