Les dockers et travailleurs portuaires du Havre illuminent le siège administratif du Grand Port Maritime en signe de protestation contre la réforme des retraites.
Les lettres CGT dessinées par les bureaux allumés de l'immeuble du Grand Port Maritime du Havre ont dû en surprendre plus d'un ce mardi 22 janvier 2020. Sur les quais du port aussi, l'absence totale de bateaux, la disparition du ballet incessant des camions chargés de conteneurs et l'intégralité des pointes de grues levées vers le ciel montre que l'ensemble de l'activité portuaire a été arrêté depuis l'appel lancé par la CGT à trois jours de grève.
« Ce n'est pas une opération port mort, mais tout simplement un appel à la grève que nous suivons » précise Johann Fortier, secrétaire général du syndicat des dockers CGT du Havre. Sauf qu'au Havre, sur 2350 dockers, il y a environ 100% de syndiqués CGT et 100% de grévistes.
« Depuis le 5 décembre 2019, nous avons suivi tous les appels de la CGT au niveau fédéral et confédéral. On totalise aujourd'hui treize jours et demi de grève, et c'est autant que nous ne percevrons pas sur notre fiche de paie » précise encore le syndicaliste.
Exposés à une multitude de produits dangereux – alors que seule l'amiante a été reconnue – à de fortes contraintes physiques et des rythmes de travail erratiques, les dockers ont une espérance de vie écourtée de plusieurs années par rapport à la moyenne.
De ce point de vue, l'allongement de l'âge de départ à la retraite apparaît comme une provocation insupportable. L'autre point de friction est le montant de la retraite. La carrière d'un docker n'a rien d'homogène ou de linéaire, et son calcul sur l'ensemble de la carrière et non sur les meilleures années aura aussi un impact intolérable.
Au-delà des 2350 dockers, c'est aussi la quasi-totalité des travailleurs portuaires du Havre qui se sont mis en grève pour 72 heures. Ils sont quelque 1 400 salariés dont 900 syndiqués CGT. Parmi eux, beaucoup connaissent les mêmes conditions de pénibilité que les portuaires.
« C'est une grève massive et nous avons décidé d'occuper le siège du GPMH pour répondre à l'appel à 72 heures de grève lancé par notre fédération. De fait, nous avons constitué trois équipes pour rester la nuit. Mercredi 22 janvier 2020, nous avons rassemblé 500 personnes devant le siège et nous sommes allés distribuer un tract en ville. »
Dans la soirée du 22 janvier 2020, l'union locale CGT organisait avec la FSU, Solidaires et FO une nouvelle manifestation en ville avec port de flambeaux. Le vendredi 24 janvier 2020 le Havre sera le théâtre d'une nouvelle manifestation, cette fois à caractère régional. Décidément, Édouard Philippe ne peut pas vraiment se flatter d'avoir fait de sa ville un havre de paix sociale.
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