16 décembre 2020 | Mise à jour le 16 décembre 2020
Plusieurs milliers de professionnels de la culture ont manifesté, le 15 décembre, partout en France contre la décision de prolonger la fermeture des lieux culturels pour cause de pandémie. Dénonçant le « mépris » du gouvernement, les manifestants se sont notamment rassemblés à l'appel de la CGT-spectacle, place de la Bastille, à Paris.
« Déconfinons la culture ! », pouvait-on entendre sur la place de la Bastille, noire de monde, à Paris. « On va mourir et même pas sur scène », « Le spectacle rend vivant », « L’art est une arme de construction massive », « le Mépris doit rester un film » ou encore « le théâtre, un lieu de culte », pouvait-on lire sur les pancartes.
Prêts à rouvrir le 15 décembre comme initialement annoncé lors du deuxième confinement fin octobre, cinémas, théâtres et musées ont vu leurs espoirs douchés quand le Premier ministre, Jean Castex, a annoncé que, face à la persistance de l'épidémie de Covid-19, ils devraient rester fermés jusqu’au 7 janvier au moins. Depuis, le monde de la culture ne décolère pas.
Les voix de la justice
Syndicats et artistes ont annoncé saisir le Conseil d'État via un « référé liberté », une procédure d’urgence, comme ont pu le faire ces dernières semaines les professionnels de la restauration, ou bien le secteur du ski. « Ce qui me choque le plus, c’est le deux poids deux mesures avec d’un côté les commerces et les églises qui rouvrent et de l’autre les lieux culturels qui sont pointés du doigt et privés de vivre de leur travail. C’est révoltant », explique Ulysse, intermittent du spectacle de 28 ans.
La culture sacrifiée
« Le monde de la culture souffre », a reconnu la ministre de la Culture, Roselyne Bachelot, tout en rappelant que les lieux culturels étaient fermés « partout en Europe » et « sur la base d’un nombre d’études scientifiques ».
Des arguments qui ne pèsent pas lourd face au désarroi des manifestants. Pour Martin, un autre intermittent de 27 ans, il s’agit « d’une mise à mort ». Et de préciser que « les théâtres sont frileux à nous faire travailler car les décisions politiques changent constamment ».
Pour l’acteur Christophe Alévêque, présent à Bastille, il faut « qu’on nous dise quand on va pouvoir rouvrir car on ne rouvre pas un théâtre d’un claquement de doigt. On a été très patient, maintenant il faut que tout ça s’arrête ».
Trop, c'est trop
Même son de cloche du côté du rassemblement à Clermont-Ferrand, où Rémi Laroere, 32 ans, salarié du cinéma indépendant Le Rio, fustige le fait que c’est « toujours les mêmes qui vont en tirer profit comme Amazon ou les plateformes de streaming ».
Un sentiment d'injustice aggravé par celui d'avoir pourtant été de bons élèves. « Au printemps, nous avons joué le jeu : la santé d’abord. Puis lors du deuxième confinement on nous a dit que nous n’étions pas essentiels, on est passé sur l’humiliation. Maintenant, nous n’avons aucune perspective », regrette Jean-Marc Grangier, directeur de la Comédie.
Les revendications de la CGT
Alors que les acteurs du monde culturel manifestaient dans plus de vingt villes de France, Denis Gravouil, le secrétaire général de la CGT Spectacle, s’est entretenu avec la ministre de la Culture, Roselyne Bachelot.
Le rendez-vous a débouché sur « beaucoup de promesses ». Peu de garanties. D'abord sur la forme : « il nous est proposé de nous revoir pour (…) préparer cette réouverture avec l’ensemble des professionnel », explique le syndicaliste.
« En termes de garanties, on a proposé de faire un soutien financier pour permettre le paiement de répétitions et de résidences de création parce que des milliers d’artistes ou techniciens n’ont pas pu travailler dans la musique, par exemple. » Une revendication déjà portée depuis plusieurs semaines, qui devrait enfin être considérée.
Quant à la date du 7 janvier, annoncée comme celle de la prochaine réouverture des lieux culturels, « c'est une clause de revoyure, tout le monde a compris que (…) ça allait rouvrir peut-être le 20 janvier. Cette fois-ci, on veut l'anticiper pour être prévenus deux ou trois semaines avant. On demande à être associés aux décisions. On ne peut pas faire comme si on était un petit truc où on prend une guitare, et puis hop on se met à chanter dès qu'on nous dit de rouvrir, a expliqué Denis Gravouil à France Info. C’est un métier qui se construit avec beaucoup de préparation, que ce soit la sortie d’un film ou la mise en place d’un spectacle. »