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TOURISME SOCIAL

Le Pari(s) gagné du Secours Populaire

20 août 2015 | Mise à jour le 3 mars 2017
Par | Photo(s) : Miguel Medina
Le Pari(s) gagné du Secours Populaire

Le 19 août, la 36e Journée des oubliés des vacances du Secours populaire français coïncidait avec les 70 ans de l'association. Accueillis à Paris, 70 000 enfants ont pu profiter d'une journée particulière.

La vedette c'est elle : la tour Eiffel. Elle se grave dans les pupilles et fait pétiller l'iris de nombreux gamins. Sagement assis à un atelier de peinture, Abdelmalek, 11 ans à l'œil vif et les réponses qui fusent. Venu de Rueil-Malmaison avec des bénévoles du Secours populaire, il peint en bleu et décore de plume une petite tour Eiffel en carton mâché.

Lâchant le pinceau, il détaille sa matinée : une chasse au trésor dans Paris qui lui a permis de découvrir plein de trucs et répondu avec succès à un quizz. Quel cadeau a-t-il gagné pour cette mission réussie ? « Aucun. Mais on a gagné quelque chose quand même, car on a travaillé en équipe ». Julien Lauprêtre, le président du Secours populaire serait fier de cette réponse. Lui qui depuis 57 ans place la solidarité au cœur de toutes ces actions, une valeur « ne règle pas tout (mais qui) est indispensable, voire irremplaçable, à notre époque ».

MONDIALISER LA SOLIDARITÉ

En ce 19 août, la Journée des oubliés des vacances (JOV) prend des allures d'événement. Les chiffres parlent d'eux-mêmes : 70 000 enfants accueillis sur le Champ-de-Mars dont 1 000 gamins venus du monde entier, presque 100 000 bénévoles, la présence de parrains et marraines comme le romancier Didier Daeninckx, la comique Anne Roumanoff ou le chanteur M Pokora, des discours des politiques, des mécénats prestigieux… font dire à Julien Lauprêtre que « nous sommes en train de gagner le Pari(s) des solidarités (…) La richesse des enseignements de cette journée trace la ligne de conduite pour demain : mondialiser la solidarité. »

Comme en écho, sur la grande scène, un jeune Auvergnat, explique son engagement au Secours populaire par le biais de Copains du monde. Il dit le plaisir qu'il y a de rencontrer des jeunes du monde entier qui deviennent vite ses « copains du Maroc, de Syrie, de Chine… C'est le top, on a échangé sur nos différentes cultures, moi ça me plaît », lance-t-il enthousiaste au micro.

À peine plus loin, c'est « paroles libres » sur un mur d'ardoise. Alors, on graffe, on dessine, on colorie. Les écrits fluo sont autant d'hymnes au dévouement des bénévoles : « vivent, vivent les bénévoles », a rédigé un anonyme. Noémie a signé un poli : « Joyeux anniversaire le secours populaire pour vos 70 ans » quand d'autres sont plus dans le ton banlieue : « SPF en force ». Des mappemondes géantes sont aussi prises d'assauts par les enfants. Sur le continent africain, une petite main a laissé : « Bon courage ! Je viendrai vous voir un jour… »

LE POIDS DE LA PAUVRETÉ

Sous un soleil radieux, dans un décor de bal poussière, les stands font vivre sous forme de jeux, d'ateliers scientifiques et ludiques, de créations artistiques, les valeurs portées par le Secours Pop. Casquette vissée sur la tête, le sac bleu de l'association dans les bras, Tom, 12 ans, soupire : « Pfuitt, c'est de plus en plus lourd ». Son accent du Sud mis à part, il a tout du Titi parisien. Il regarde, en attendant son tour, un jeu où l'on doit dessiner à plusieurs à l'aide de grandes ficelles de couleurs. « C'est pas simple, mais c'est marrant. J'attends encore un peu, mais mon sac est trop lourd », insiste-t-il. Lourd de quoi ? « J'ai quatre canettes Ice Tea et des PomPotes. Je vais ramener ça chez moi à Montpellier. C'est toujours ça qu'on n'aura pas à acheter ». Le ton, d'un coup, est grave, il oublie le jeu, capté par ses réflexes d'enfant pauvre qui lui donne une maturité qu'il lui pèse sur les épaules.

« Ceux qui poussent les portes des comités et antennes sont pauvres, mais pas que. Ils possèdent des compétences à partager pour faire grandir la solidarité », note Julien Lauprêtre. Ce matin, Mina, jeune mère de famille a fait le voyage d'Avignon à Paris pour accompagner ses enfants, Maïssane 8 ans et Walid 7 ans. Elle connaît bien le Secours populaire et dit qu'elle en est « cliente ». Achetant des vêtements ou des jouets à petits prix et donnant ce qui ne va plus.

Un don qui n'est pas de la charité, comme le précise à chaque discours Julien Lauprêtre. Un don qui crée des liens, favorise les rencontres et a du sens politique. Toute l'action du Secours populaire œuvre en ce sens. Le camion rempli de fournitures scolaires, qui est parti le 19 août pour soutenir les écoliers grecs salement touchés par la crise, en est l'une des belles preuves.


En Savoir +

Le site du Secours Populaire français — ? Le twitter du Secours Populaire français

# Le hashtag de l'événement : #70ansSPF