Les Bibs de France et de Navarre devant le siège de Michelin
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Le ras-le-bol général des ouvriers a atteint son pic le 16 septembre. Ce jour-là, la direction annonçait que le roulement de l'activité s'appuierait désormais non plus sur quatre équipes, mais seulement sur trois et ce, aux mêmes conditions de travail qu'auparavant et pour le même salaire.
« Autrement dit, on nous annonce une intensification considérable de l'activité, sans aucune amélioration des conditions de travail qui étaient déjà fortement dégradées ou des salaires qui sont si bas que l'entreprise n'arrive plus à recruter », explique Stéphane Salembien, le délégué syndical CGT et secrétaire général du CSE de la SAM.
Une goutte d'acier liquide qui a fait déborder la cuve déjà trop pleine de quarante ouvriers aciéristes et provoqué leur subite mise en mouvement. Une grève qui s'inscrit dans le droit fil de celle de 2019, pour les mêmes raisons et qui promet de se durcir et de s'amplifier : à son 5e jour, une dizaine de maçons a décidé de rejoindre le mouvement et de se solidariser avec les aciéristes.
Installés devant les portes de l'usine, ils font barrage aux entrées des camions d'approvisionnement en matières premières, paralysant à eux seuls l'activité du site qui emploie quelque 370 salariés.
Pour éclairer le contexte, rappelons que cette même usine a été le théâtre, début mars, d'un tragique accident du travail dû à la chute d'une poche de 100 tonnes d'acier en fusion qui a causé la mort d'un ouvrier (âgé de 60 ans, père de famille et à 6 mois de son départ en retraite) enseveli par ce magma métallique. Un autre a été grièvement blessé et est toujours en arrêt de travail et en sursis.
Plusieurs enquêtes sont en cours (police, inspection du Travail, CSE) pour déterminer les causes de cet accident. Mais c'est dans ce contexte pourtant très sensible que la direction de la SAM cherche à rogner, encore et encore, sur les conditions de travail et de rémunération de ses employés, continuant de leur refuser l'ouverture de négociations.
À l'heure où nous publions cet article, nous apprenons par l'union départementale CGT de Seine-et-Marne présente sur place que, ce mardi 22 septembre, la direction vient d'annoncer aux grévistes qu'elle n'accèderait à aucune de leurs revendications. Dont acte ! Celles-ci portent ni plus ni moins que sur l'amélioration des conditions de travail qualifiées d'épouvantables par les grévistes qui dénoncent des cadences insoutenables et des objectifs de production irréalistes.
Ils réclament à ce titre le maintien du roulement à 4 équipes ; la renégociation d'un accord sur des primes de performance jusqu'ici indexées sur des objectifs inatteignables ; la revalorisation des salaires qui sont au plus bas de l'échelle au point d'engendrer un turn-over explosif et ingérable ; le rattrapage des fréquentes erreurs de calcul dans la comptabilité des paies, etc.
« Les salariés n'en peuvent plus de devoir sans cesse former de nouvelles recrues qui quittent l'entreprise au bout de quelques semaines ou de quelques mois, tant la pénibilité est intense et les rémunérations, vraiment pas à la hauteur », ajoute Stéphane Salembien en précisant qu'à la différence d'autres entreprises, l'activité de la SAM n'a pas souffert des répercussions économiques de la crise sanitaire.
Tandis que la grève et le blocage de l'activité promettent de se poursuivre, la direction, elle, tente la bonne vieille méthode du pot de fer contre le pot de terre. Sans tenir aucun compte du seuil de tolérance qui vient d'être franchi par ses salariés en grève. Seule note positive : un semblant de dialogue social est ouvert, dont les grévistes et leur syndicat CGT n'ont plus qu'à se saisir, sans tergiverser.
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