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Fret ferroviaire

Les cheminots CGT mobilisés pour défendre l'activité

19 juin 2024 | Mise à jour le 19 juin 2024
Par | Photo(s) : Ludovic Finez
Les cheminots CGT mobilisés pour défendre l'activité

Les cheminots CGT se sont mobilisés mardi 18 juin pour défendre l’activité fret, menacée par l’ouverture à la concurrence. A la gare de triage de Grande-Synthe (Nord), on a parlé des besoins liés aux développements industriels locaux. Mais également de la situation politique et des perspectives qu’ouvre le programme du Nouveau Front populaire. Reportage.

Vingt-huit millions d’euros. C’est, selon Xavier Wattebled, secrétaire des cheminots CGT pour le Nord-Pas-de-Calais, le montant de « l’investissement [nécessaire] pour remettre en état le triage » de Grande-Synthe (Nord), près de Dunkerque. Aujourd’hui, environ un quart des voies de la gare de triage sont inutilisées, faute d’entretien. Les derniers chiffres font état de 704 wagons en circulation par semaine, en moyenne. Le potentiel est bien supérieur, compte tenu de la saturation de l’autoroute A16 (Dunkerque-Paris) et des nombreux projets industriels locaux : l’usine Clarebout qui prévoit de produire 1 200 tonnes par jour de produits surgelés à base de pomme de terre, Verkor et ses batteries électriques automobiles qui promet 1 200 emplois à terme, la construction de deux nouveaux réacteurs à la centrale nucléaire de Gravelines… « La CGT a des projets de raccordements au port [de Dunkerque], aux zones industrielles, aux « méga-factories » de batteries… Techniquement, c’est possible », commente Thierry Nier, secrétaire général des Cheminots CGT.

Nouveau coup de rabot

A l’inverse de ces nécessaires développements  – à Grande-Synthe comme dans les autres gares de triage françaises -, Fret SNCF risque, sur injonction du plan gouvernemental de « discontinuité du fret » (désossage de l'opérateur public visant à céder une partie de ses activités au privé), un nouveau coup de rabot après les 10 000 emplois supprimés depuis l’ouverture à la concurrence en 2006. Au prétexte de l’enquête ouverte par l’Union européenne sur le soutien financier de l’Etat français dont aurait bénéficié Fret SNCF entre 2007 et 2019, l’entreprise est censée céder 30% de ses trafics à la concurrence. Soit près de 500 suppressions d'emplois supplémentaires.

Un train, c’est 50 camions de moins sur les routes 

Les cheminots CGT se sont mobilisés mardi 18 juin dans plusieurs gares de triage, notamment dans le Nord, le Rhône et le Puy-de-Dôme, pour s’opposer à cette nouvelle étape dans la casse du fret ferroviaire, menée, dénoncent-ils, avec la complicité de la direction de la SNCF. « Cette politique libérale est mortifère. Moins de wagons, c’est plus de camions. Quel coût pour la santé, cette pollution ? Combien d’accidents routiers ? Qui paye la régénération de ces routes ? Certainement pas le lobby routier ! », lance au micro Xavier Wattebled », insiste Marc Lambert, secrétaire régional de Sud-Rail, qui s’est associé à la mobilisation nordiste. « Ce rassemblement ne sera pas suffisant, prévient-il. Un rapport de force va devoir s’instaurer ; la grève sera nécessaire. » Un « rapport de force » et une alternative politique. Invité à prendre la parole, Damien Lacroix, candidat LFI investi par le Nouveau Front Populaire dans la circonscription de Grande-Synthe, rappelle les promesses de cette union de la gauche : un « plan rail et fret ambitieux », « un moratoire sur la fermeture des petites lignes » accompagné de réouvertures « dès que possible » et un retour « sur la privatisation de Fret SNCF ».

« Nous ne nous interdisons rien, Jeux Olympiques ou pas »

« Oui, l’heure est grave, mais l’heure est aussi au dynamisme et à l’espoir », nous confie Thierry Nier, commentant le risque de voir le Rassemblement National prendre le pouvoir. « Le programme [du Nouveau Front Populaire], qui a été travaillé en peu de temps, offre la possibilité de regagner une entreprise publique [ferroviaire] réunifiée et dit clairement que la concurrence est une mauvaise solution », poursuit-il. A l’inverse, Eric Ciotti, président des LR, a annoncé sa volonté de privatiser la SNCF et le RN s’est opposé en Occitanie à une convention pour le TER de dix ans, entre la Région et la SNCF. « Cette journée [du 18 juin] donne du souffle, se réjouit Thierry Nier. Nous avons engagé un processus d’assemblées générales et si ça pousse fort, nous ne nous interdisons rien, Jeux Olympiques ou pas. »