Les cheminots en grève ce 1er juillet 2021
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Vendredi 18 octobre, des cheminots de Champagne-Ardenne ont « posé le sac ». Ils ont laissé les trains à quai et exercé leur droit de retrait (art. 4131-1 Code du travail). En cause : une situation de danger grave et imminent, confirmée dramatiquement lors de l'accident grave survenu à Saint-Pierre sur Vence (Ardennes), mercredi 16 octobre. La collision entre un camion et un TER sur un passage à niveau a fait 12 blessés parmi les 70 voyageurs à bord de la rame et le conducteur du train ; celui-ci s'est pourtant retrouvé seul pour gérer la situation.
Blessé à la jambe, cet agent n'a en effet pas hésité : il s'est empressé d'installer les dispositifs de sécurité sur la voie ferrée afin d'éviter un suraccident, c'est-à-dire une nouvelle collision entre un train et le convoi percuté par le camion, à l'arrêt sur la voie ferrée. Il a dû, seul, s'inquiéter de la santé des passagers.
Des milliers d'agents SNCF, sur l'ensemble du territoire, ont à leur tour décidé d'exercer leur droit de retrait, vendredi 18 et samedi 19 octobre. Ils dénoncent la politique dite de l'« équipement agent seul » (EAS) et réclament le retour des contrôleurs à bord des trains afin d'assurer une sécurité minimale des voyageurs, mais aussi des conducteurs.
Car, aussi aberrant que cela puisse paraître, La SNCF, toute à sa quête d'économies et de profits dans le contexte de son ouverture à la concurrence, a décidé, contre l'avis des syndicats, de supprimer les postes de contrôleurs à bord de 80 % de ses trains, malgré les dangers d'une telle politique pour les usagers comme pour les cheminots.
Ravivée par l'accident du 16 octobre (un énième depuis la tragédie de Brétigny-sur-Orge de 2013), cette exigence de sécurité est pourtant restée sans suite de la part de la SNCF. Pourtant, dès 2017, un rapport interne de la CGT alertait la direction et le ministère des Transports sur les conséquences dangereuses pour les circulations et pour les voyageurs de la politique de l'EAS.
Déjà, ce rapport mettait en garde : « Le conducteur n'a pas les capacités matérielles ni réglementaires d'assurer et de garantir la sécurité des voyageurs ni de garantir la sécurité des circulations. Psychologiquement et humainement, c'est insoutenable. »
C'est sur un autre terrain que s'est engagée la direction de la SNCF. Plutôt que de répondre aux exigences de sécurité, elle a préféré accuser les cheminots de faire une « grève sauvage ». À 5 h 30, le lendemain du drame, le site Transilien.com annonçait de très fortes perturbations sur les lignes D, B, H et R du RER jusqu'à fin de journée. Mais, sans évoquer le droit de retrait des cheminots, les annonces sur les quais mentionnaient un « mouvement social inopiné ». À 7 h 30, le motif affiché avait évolué vers celui de « grève-surprise ».
Une rhétorique portée par la direction de la SNCF comme par le gouvernement. La déferlante sur ce thème qui a suivi dans nombre de médias vise non seulement à occulter la question de la sécurité ferroviaire portée par l'ensemble des syndicats des cheminots (CGT, CFDT, UNSA, FO, CFE-CGC), mais aussi à tenter de mettre ceux-ci en accusation dans une période de congés scolaires.
Ainsi, dans l'émission La Matinale de BFM ce 18 octobre, le député LREM Jean-Baptiste Djebarri — rapporteur du projet de loi sur la réforme de la SNCF — interrogé par Jean-Jacques Bourdin, croit pouvoir dénoncer une « instrumentalisation d'un incident de sécurité par les syndicats pour faire valoir une position politique ».
Dans la même veine, le PDG de la SNCF, Guillaume Pépy, parle de grève sauvage et de dévoiement du droit de grève par les syndicats. Un discours que complète l'habituelle ritournelle sur la « prise en otages des usagers » qui fait florès sur les réseaux sociaux d'internautes se disant proches de la LREM ou encore d'extrême droite. Pour la direction de la SNCF, ce mouvement serait « inacceptable ». Et Guillaume Pépy annonce la possibilité de poursuites judiciaires.
Dès le mercredi 16 octobre, les menaces ont plu contre les cheminots exerçant leur droit de retrait. En dépit du droit du travail. Et dans l'omission des raisons profondes de leurs décisions.
Du côté du gouvernement, Édouard Philippe a quant à lui affiché son plein soutien au PDG de la SNCF. « J'ai demandé à la SNCF d'examiner toutes les suites, y compris judiciaires, qui pouvaient être données lorsque des gens ne respectent pas la loi », a-t-il ainsi assené, confondant lui aussi volontairement droit de retrait et grève sauvage. Ce n'est pourtant pas l'avis de l'inspection du travail, sollicitée par les syndicats dans plusieurs régions.
En dépit du drame, pour Guillaume Pépy, « Il n'y a aucun danger grave et imminent sur aucun train à la SNCF ». En conséquence de quoi, dit-il, il saisira « toutes les instances compétentes pour faire reconnaître le dévoiement du droit de grève ». Mais le soutien massif dont jouissent les cheminots sur les réseaux sociaux ou dans les gares de la part d'usagers inquiets et en colère semble indiquer que la campagne de la direction de la SNCF passe mal.
Reste à faire de la sécurité dans nos trains un débat citoyen, où cheminots et usagers doivent pouvoir s'exprimer. Et se faire entendre.
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