Les dockers CGT refusent de charger des armes pour l’Arabie saoudite
« Nous n'embarquerons jamais d'armes destinées à tuer des civils », prévient Laurent Pastor, secrétaire général CGT des dockers de Fos-sur-Mer. En effet, le 28 mai 2019, à la suite des révélations du média indépendant Disclose qui indiquait que le cargo saoudien Bahri Tabuk allait charger à Marseille-Fos des armes destinées à la guerre au Yémen, les dockers CGT de Fos-sur-Mer n'ont pas laissé passer.
Blocage des livraisons d'armes
En l'occurrence, il s'agissait de munitions pour les canons Caesar, armes elles aussi fabriquées et massivement livrées par la France à l'Arabie saoudite, et qui sont capables de détruire une cible distante de 40 kilomètres avec une précision redoutable. Alors que le Yémen subit une famine sans précédent liée au blocus organisé par les pays de la coalition menée par l'Arabie saoudite, la France enverrait donc des obus au lieu de pain ?
Ce blocage de livraison d'armes avait été précédé, le 10 mai 2019, d'une autre action, elle aussi permise par les informations délivrées par Disclose, cette fois au Havre, où une importante mobilisation à l'initiative des dockers CGT avait permis d'obtenir le renoncement d'un autre cargo, le Bahri Yanbu, à accoster au Havre.
Des révélations embarrassantes
Au lieu de faire amende honorable sur ses responsabilités non assumées, l'État français, qui ne brille décidément pas par la transparence dans ses pratiques en matière de ventes d'armes, a préféré continuer à jouer la carte de la répression sur les lanceurs d'alerte. Ainsi, le 14 mai 2019, les journalistes Mathias Destal, Geoffrey Livolsi et Benoît Collombat étaient-ils entendus par la Direction générale de la sécurité intérieure pour avoir informé le public que la France continue de vendre des armes à l'Arabie saoudite.
Lors de son 52e congrès confédéral réuni à Dijon, la CGT a adopté une motion de soutien à ces journalistes et a aussi demandé qu'on n'exige pas des syndicalistes qu'ils se taisent quand ils ont connaissance de risques de violation des traités. Pour la CGT, « la France doit sortir du déni et du double jeu. Elle doit décider et proposer à l'ensemble de la communauté internationale l'interdiction de toute livraison d'armes dans le cadre du conflit au Yémen. Elle doit agir diplomatiquement pour la désescalade et une résolution négociée et pacifique du conflit ».