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ÉGALITÉ FEMMES-HOMMES

Les femmes « bénévoles » deux mois par an

9 novembre 2016 | Mise à jour le 27 février 2018
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Les femmes « bénévoles » deux mois par an

Du fait des inégalités de salaires, à partir du 7 novembre, à 16 h 34, les femmes, en France, travaillent « bénévolement ». Pour dénoncer cette situation, elles ont répondu aux associations féministes et aux syndicats les appelant à arrêter le travail à l'heure fatidique. Certaines sont allées plus loin et se sont rassemblées place de la République, à Paris.

Les femmes islandaises ont cessé le travail le 24 octobre dernier, à 14 h 38 précises, pour protester contre les inégalités salariales entre travailleurs et travailleuses de l'île. À poste égal et compétences égales, les salaires y sont bien inférieurs pour les femmes.

Fortes de cet exemple, les Françaises ont fait le même calcul. La date fatidique dans l'Hexagone tombait le 7 novembre dernier, à 16 h 34. Dans de nombreuses entreprises, les travailleuses ont, à leur tour, symboliquement éteint leur ordinateur ou posé leur outil de travail. Une mobilisation quasi spontanée, très vite popularisée par les réseaux sociaux.

Dès le 4 novembre, le hashtag #7novembre16h34 a fait le tour de la toile. En trois jours, associations féministes et syndicats se sont organisés. À Paris, près de 300 personnes se sont rassemblées place de la République pour dire tout haut leur ras-le-bol.

Les inégalités ont en effet la vie dure. Le législateur s'est pourtant penché à plusieurs reprises sur la question. Malgré tout, les femmes se heurtent encore et toujours au plafond de verre qui les tient à l'écart des rémunérations pratiquées pour leurs collègues masculins.

Inégalités tout au long de la vie

Dès l'embauche, le sujet de la grossesse pèse sur les salaires. Qu'elle soit réelle ou présupposée par les recruteurs, la maternité est source de discrimination. Autre source d'inégalité, le temps partiel imposé aux femmes, trop souvent reléguées à un rôle de maîtresse de maison, le salaire des travailleuses étant perçu comme un salaire d'appoint dans les foyers, pour compléter celui de l'homme.

Enfin, comme le pointe Sophie Binet, secrétaire générale adjointe de l'Ugict CGT, les métiers fortement féminisés sont également ceux où les salaires sont les plus bas. En les comparant aux salaires pratiqués dans des métiers plus masculins, mais nécessitant le même niveau de qualification et la même exposition aux responsabilités et au stress, il apparaît que, là aussi, les femmes toucheront moins qu'un homme.

Pour Marthe Corpet, de l'Unef, le coup est double pour les jeunes femmes. En prise à la précarité que subissent déjà les jeunes, elles doivent également faire face aux inégalités dues à leur sexe. S'ensuit un retard tout au long de la carrière, mais également au moment de calculer la retraite.

Discriminations au quotidien

La campagne #7novembre16h34 fait aussi écho à une autre campagne lancée, en octobre, par la CGT. Autour du hashtag #VieDeMère, les femmes étaient appelées à témoigner des discriminations qu'elles subissent sur leur lieu de travail au quotidien. Allusions sexuelles qui ne font rire que les hommes, discriminations à l'embauche, surqualification par rapport à l'emploi qui leur est proposé, les témoignages ne manquaient pas.

Pour répondre à ce problème, qui maintient la moitié de la population française en situation de sous-salariat, la CGT demande de durcir le ton face aux entreprises ne respectant pas la loi. « 60 % des entreprises n'ont pas d'accord ni de plan d'action sur l'égalité professionnelle, ce qui est pourtant obligatoire », déplore Sophie Binet, « et seules 97 ont été sanctionnées en trois ans. »

Autres pistes : « lutter contre les temps partiels imposés », « permettre l'action de groupe » pour dénoncer les discriminations salariales entre les femmes et les hommes ou encore « permettre aux femmes comme aux hommes d'exercer leur parentalité », en réduisant le temps de travail, en allongeant le congé de paternité et en luttant contre les entreprises « qui licencient les femmes en raison de leur maternité ».

Une étude du forum économique mondial prévoit que les femmes seront enfin payées autant que les hommes dans le monde… en 2186 ! Pour éviter d'avoir à attendre 170 ans, les manifestantes parlent déjà d'une autre journée d'action le 8 mars prochain, date de la journée internationale des droits des femmes.