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mobilisation

Les Geodis Calberson de Gennevilliers entament leur 4ème semaine de grève pour les salaires

11 novembre 2022 | Mise à jour le 11 novembre 2022
Par | Photo(s) : AFP
Les Geodis Calberson de Gennevilliers entament leur 4ème semaine de grève pour les salaires

Entrés en grève le 17 octobre, les salariés du centre de tri de Geodis à Gennevilliers (Hauts de Seine) réclament des augmentations de salaire à la hauteur de l'inflation. Agents de quais, conducteurs routiers, réceptionnaires, etc., leurs métiers trop mal payés sont pourtant essentiels à l'activité très profitable de cette filiale de la SNCF, leader européen de la livraison express, qui a dégagé des bénéfices record en 2021, sur fond de crise inflationniste.

 

C'est la 4ème semaine de grève menée par 80 % des employés de la plate-forme logistique Géodis , à Gennevilliers. Les temps sont durs pour le leader européen de la livraison express dont les activités (300 tonnes de colis jour) sont à l'arrêt depuis 17 octobre. Plus durs encore pour les 87 salariés en grève qui mènent la bataille pour les salaires, jour et nuit, sans encore parvenir à se faire entendre.

« La direction joue la montre, en pariant sur le fait qu'on ne pourra pas tenir éternellement avec de telles pertes de salaire », concède Mouloud Sahari, le secrétaire général du syndicat CGT-Géodis qui lance un appel à la solidarité financière* pour soutenir les grévistes et tenir la grève jusqu'à la victoire.

Organisés par leur principal syndicat, la CGT, qui veille au respect de la démocratie, les grévistes se réunissent deux fois par jour en assemblée générale, l'une pour l'équipe de nuit et l'autre pour celle du matin. Et chaque jour depuis le 17 octobre, le vote pour la poursuite de la grève est reconduit à une large majorité.

Jusqu'à 300 000 euros de prime pour les seuls cadres dirigeants

« Une grève pour pas qu'on crève », clame explicitement la banderole plantée à l'entrée du piquet, devant les locaux de l'entreprise. « La direction commence à bouger, mais ses proposition de sortie de conflit sont encore très loin de notre principale revendication de + 6 % minimum d'augmentation générale pour compenser l'inflation », fait valoir Mouloud Sahari. Une revendication somme toute très modeste au regard des résultats de l'entreprise qui vient de dégager 948 millions d'euros de bénéfices, en hausse de 38 % par rapport à 2019.

Très modeste, aussi, au regard des primes allant de 183 000 à 303 000 euros annuels ruisselant sur les seuls cadres dirigeants. Lesquels bénéficient en outre d'émoluments très confortables, de 23 000 à 26 000 euros de salaire mensuel, d'après des bulletins de paie fortuitement tombés aux mains de la CGT Geodis. Tandis que les salariés de la plate-forme logistique, eux, émargent au SMIC, depuis des années.

Dévoilés à la presse, ces bulletins de paie des cadres ont contraint la direction de Géodis à réagir. Mais pas au niveau attendu des grévistes. « On nous a proposé 4% d'augmentation générale, applicable sur les seuls mois de novembre et de décembre 2022, une prime de 500 euros pour tous et l'engagement à reprendre les négociations sur les salaires dés janvier 2023 », relate la CGT-Géodis.

Des salaires plafonnés au SMIC

Trop peu, ou trop tard pour les employés de la plate-forme qui se considéraient déjà lésés en beauté par les NAO de février 2022. A l'époque, juste avant l'envolée de l'inflation qui atteint aujourd'hui 6 %, l'entreprise n'avait accordé que 42 euros d'augmentation générale (mensuelle). Des miettes pour ces salariés qui plafonnent au mieux à 1873 euros brut/mensuel et qui peinent à encaisser le combo crise des salaires liée au Covid et envolée de la facture énergétique post-Covid.

Réunis chaque jour autour des barbecues « poulet maffé» et autres « méga-couscous » de lutte improvisés avec les moyens du bord, les grévistes solidarisent, échangent, se réconfortent et se font pousser des ailes. Leurs revendications initiales sont maintenues :

– La réouverture des NAO pour prise en compte de l'inflation

– 150 euros d'augmentation générale pour tous, (environ+ 6 % d'augmentation générale);

– 100 euros supplémentaires pour les quelques 70 bas salaires qui, n'ayant pas évolué depuis des années, se retrouvent aujourd'hui sous la barre du SMIC ;

– 1000 euros de prime de fin d'année au titre du partage de la valeur ajoutée ;

– 50 euros de prime « essence » contre 10 euros actuellement, pour tous les salariés contraints d'utiliser un véhicule pour se rendre au travail ;

– 50 euros de prime pénibilité pour tous les salariés de la plate-forme (conducteurs, manutentionnaires, agents de maintenance et de maîtrise..)

– 2000 euros de salaire minimum à l'embauche pour tous, ouvrier, employé ou intérimaire

– 14 euros de prime repas, pour tous, contre 5 euros actuellement réservés aux seules équipes de jour;

En réponse à quoi, la direction de Géodis joue la traditionnelle carte du pourrissement de la grève. La dernière assemblée générale vient de voter la reconduction de la grève.