17 mai 2024 | Mise à jour le 17 mai 2024
Exposition aux fumées toxiques, multiplication de leurs missions, stagnation de leurs revenus… Les pompiers professionnels, venus de toute la France, se sont mobilisés le 16 mai à Paris pour exiger la reconnaissance du danger de leur métier et revendiquer une prime à l’occasion de Paris 2024.
« Quand on fait pas de bruit, on nous entend pas ! »… Aux explosions de pétards succèdent les sirènes, cet après-midi du 16 mai sur la place de la République, à Paris, lors de la grande journée de grève et de mobilisation nationale des pompiers professionnels appelée par leurs neuf organisations syndicales.
Cancers professionnels
Sous un barnum, vingt soldats du feu se font prélever des cheveux. Dans dix jours, ils sauront quel est leur taux d’exposition aux PFAS, ces produits chimiques polluants éternels, qui s’accumulent dans notre corps et notre environnement, à l’origine de lésions hépatiques, des maladies thyroïdiennes, de l'obésité, des problèmes de fertilité et des cancers. « Lors de tests déjà effectués sur un panel représentatif de l’ensemble de la société, ce sont deux pompiers qui ont présenté le taux de contamination le plus élevé », affirme Sébastien Delavoux, animateur du collectif CGT des Services départementaux d’incendie et de secours (SDIS). L’enquête « la contamination à petit feu » de la série documentaire « Vert de rage » a mis les pompiers en état d’alerte quant à la multiplication, dans la composition des meubles, de retardateurs de flammes, qui, quand ils brûlent, dégagent des substances plus toxiques et cancérigènes que les meubles d’antan.
Les Départements, nos employeurs ne remplissent pas leur rôle de prévention, et quand l’un de nous demande la reconnaissance de l’origine professionnelle d’un cancer, on nous explique que sa maladie est due au bricolage dans son garage
« Mon père, qui était pompier, a 70 ans, et il a enterré cinq de ses collègues du même âge, morts de cancers. Je ne suis pas capable de vous citer le nom d’un seul pompier de plus de 82 ans », se désole Benjamin, cégétiste du SDIS de la Marne. Les différentes études du centre international de recherche sur le cancer ou de la caisse de retraite des agents territoriaux confirment un taux plus élevé de cancers- notamment le mésothéliome, lié à l’amiante, et le cancer de la vessie- chez les pompiers. Pourtant, aujourd’hui encore, seul le cancer du nasopharynx est reconnu comme maladie professionnelle chez les pompiers en France, contre 28 cancers aux Etats-Unis. « Les Départements, nos employeurs ne remplissent pas leur rôle de prévention, et quand l’un de nous demande la reconnaissance de l’origine professionnelle d’un cancer, on nous explique que sa maladie est due au bricolage dans son garage », pointe Sébastien Delavoux. Le 1er décembre dernier, le collectif CGT des SDIS déposait plainte au pôle santé publique du tribunal de Paris sur ce sujet.
« Marre d’être la voiture-balai de l’Etat »
Second détonateur de la colère des pompiers professionnels, la (non)-prime pour les Jeux olympiques et paralympiques. Alors que les policiers vont en percevoir une, rien les pompiers, qui vont être très mobilisés cet été pour venir en appui à leurs collègues de la brigade des sapeurs pompiers de Paris. Ils comptent suivre l’exemple des éboueurs de la Ville de Paris qui ont obtenu une prime grâce à leur mobilisation. « On en a marre d’être considérés comme la voiture-balai de l’Etat. Tous les services publics s’effondrent, et on se retrouve à devoir se charger de ce que ne font plus les autres : aller relever des personnes âgées, transporter des gens d’un hôpital à l’autre, prendre en charge les personnes en état d’ivresse… et sans aucune reconnaissance », déplore Benjamin, du SDIS de la Marne. « En trente ans, on est passé de 2 à 4 millions, avec un peu plus de pompiers professionnels, et le même nombre de volontaires qu’en 1973. La réforme des retraites ne nous a pas épargnés, ni notre prime feu, ni notre point d’indice n’ont augmenté en parallèle du coût de la vie. Le mode de financement des SDIS doit changer, et permettre de titulariser les agents. Les pompiers, ça coûte cher, mais face au réchauffement climatique, c’est un investissement », conclut Sébastien Delavoux.