Hôpital public : un démantèlement programmé ?
Samedi 14 septembre, à Nantes (Loire-Atlantique), près de 300 personnes se sont mobilisées pour dénoncer « le démantèlement du service public de santé ». Un appel... Lire la suite
« Nos conditions de travail se dégradent encore et encore, on voit les lits se fermer régulièrement sous nos yeux… on doit lutter pour préserver une qualité de soin, mais ça devient de plus en plus compliqué de faire des soins de qualité. C'est regrettable, lâche, Vanessa, 36 ans, infirmière en psychiatrie et représentante CGT au CHSCT de l'hôpital Saint-Maurice (Val-de-Marne), est venue avec une vingtaine de collègues. C'est très compliqué, on a beaucoup de mal à recruter, on a énormément de postes vacants dans notre hôpital. Nos salaires ne sont pas attractifs, les conditions de travail se dégradent… Et maintenant, on nous diabolise en imposant la vaccination comme si on était les responsables de la propagation du virus ! C'est non ! Le gouvernement ne nous a pas donné les moyens de nous protéger et de protéger nos patients et maintenant, on va nous sanctionner ?! C'est un chantage inacceptable. »
À la veille de la mise en place de sanctions pour le personnel non vacciné, plusieurs dizaines de soignants étaient mobilisés – malgré la pluie – devant le ministère de la Santé, à Paris, le 14 septembre, à l'appel de la CGT-Santé.
Hôpital Beaujon, hôpital Adelaïde-Hautval de Villiers-le-Bel, Hôpital Saint Antoine, Hôpital Sainte-Anne, Hôpital Émile Roux, Hôpital Georges Pompidou, Hôpital Corentin Celton, Centre hospitalier de Soisson, Centre hospitalier d'Albi ou d'une association de prise en charge de personnes handicapées du Finistère…
Venus de toute l'Île-de-France et d'ailleurs, les soignants se disent à bout et dénoncent une double peine : des salaires de misère, des conditions de travail qui ne cessent de se dégrader et – cerise sur le gâteau – l'obligation de se vacciner contre le Covid-19 sous peine de se voir refuser le droit de travailler à partir du 15 septembre. Des pancartes résumaient les principales revendications : « Non aux sanctions. Oui aux embauches », « Non aux suspensions de rémunérations ! » « Tous unis, tous égaux, tous solidaires. 183 € pour tous tout de suite ! »
« Nous dénonçons la suspension des contrats de travail dont pourraient faire l'objet les collègues non vaccinés à partir de demain, confirme Malika Belharbi, représentante fédération de la santé et de l'action sociale CGT. Nous sommes pour la vaccination, mais contre l'obligation. Les soignants doivent avoir la liberté de choisir de se faire vacciner contre le Covid-19 comme pour la grippe. Ils doivent faire l'objet de pédagogie. »
Et de s'insurger contre la campagne de communication qui ferait croire que la situation des Ehpad est réglée : « même si nous avons 90 % des résidents vaccinés, le virus continue de circuler et les conditions de travail et donc d'accueil restent déplorables. »
« Je suis venue dénoncer l'imposture derrière cette dictature qui impose la vaccination, s'indigne Alcina, 52 ans, infirmière de l'hospitalisation à domicile, qui martèle qu'on peut tout de même transmettre le virus malgré la vaccination. On nous fait porter le chapeau de la pénurie de personnel à l'hôpital ! On met en place du personnel pour contrôler les pass sanitaires alors qu'on continue à fermer des lits en pleine crise et qu'on manque cruellement de personnel pour soigner ! »
« Notre revendication est simple, lance Christophe Prudhomme, médecin urgentiste à l'hôpital d'Avicenne et responsable de la fédération CGT de la Santé. Au regard de l'état de l'hôpital, des sous-effectifs chroniques dans les services, des fermetures massives de lits, aucun soignant ne doit manquer demain dans les services. Vacciné ou non, tout le monde doit être au service des patients. C'est le principe de réalité : si demain on suspend 5 à 10 % de nos collègues, il va falloir fermer encore des lits, déprogrammer des soins, et ça aura des conséquences sur la santé des patients. L'offre de soins s'est déjà trop dégradée et entrainé une surmortalité estimée à entre 2 000 et 6 000 morts supplémentaires depuis le début de la crise sanitaire. »
« Hôpital en danger », « Votez CGT ». Avec sa blouse placardée de ces deux messages, Sylvie Lefelle, secrétaire du CHSCT (CGT) de l'hôpital Adélaïde-Hautval de Villiers-le-Bel, ne mâche pas ses mots au micro : « Bichat-Beaujon, Hôtel-Dieu, Jean-Verdier, celui de Garches… tous ces hôpitaux sont sous le coup d'une fermeture et le nôtre, à Villiers-le-Bel, qui ferme à la fin du mois. Et je ne parle pas de ceux qui sont fermés de l'intérieur parce qu'on n'ouvre pas les unités… On a 10 000 lits de réanimation et on est 70 millions, comment arriver à soigner la population !? Durant la première vague, les soignants ont été mis face à cette pandémie sans moyens, et on était déjà dans la rue auparavant pour dénoncer les conditions de travail, les fermetures de lits, les manques d'effectifs. La réponse du gouvernement à cette urgence sanitaire a été de continuer à fermer des lits. Et aujourd'hui, on nous rend coupables d'être encore là à nous occuper des patients à être 90 % vaccinés ?! Le gouvernement cherche à se laver de toute responsabilité. On est passés d'être des héros à être des coupables et des irresponsables ?! Et demain, ce sera les citoyens ?! (…) Aujourd'hui, nous dénonçons un problème de santé publique, mais il s'agit en fait de la casse du service public en général ! »
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