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RETRAITES

Les retraités demandent des comptes à leurs députés

14 juin 2018 | Mise à jour le 14 juin 2018
Par | Photo(s) : Bapoushoo
Les retraités demandent des comptes à leurs députés

Manifestation intersyndicale des retraités

La hausse de 1,7 point de la CSG (soit 25 % de son montant) ne passe pas chez les retraités. Pour la troisième fois depuis septembre, des initiatives auront lieu en territoires pour exiger sa suppression dans la loi de finances rectificative.

« Un gouvernement qui méprise les retraités ». C'est ainsi que neuf organisations de retraités font part de leur ressenti à la ministre Agnès Buzyn, dans une lettre ouverte qu'ils viennent de lui adresser. Les syndicats UCR-CGT, UNIRS-Solidaires, UCR FO, UNIR-CFE-CGC, CFTC, FSU et les associations FGR FP, LSR et UNRPA appellent donc les retraités à une nouvelle journée nationale d'action décentralisée le 14 juin 2018.

Dans la continuité des actions du 28 septembre 2017 avec 80 000 manifestants et du 15 mars 2018, où quelque 200 000 personnes s'étaient mobilisées dans 167 initiatives, des rassemblements sont prévus en territoires avec l'idée d'interpeller les députés (notamment de LREM). « Les différentes unions syndicales de retraités ont pris des initiatives dans les départements afin d'associer la population à une démarche envers les parlementaires qui ont décidé de la hausse de a CSG » explique Pascal Santoni, membre du bureau national de l'UCR CGT. « L'idée est aussi d'informer la population de la position qu'a prise leur député, et de la réponse de ce député à notre demande de présenter un amendement pour annuler les effets de la hausse de la CSG. Cet amendement pourrait être présenté à l'occasion de la prochaine loi de finances rectificative, qui intervient à la rentrée. »

Hausse de la CSG : une mesure injuste

La hausse de la CSG affecte 60 % des retraités et intervient après quatre années de blocage de leur pension. Pour le dirigeant de l'UCR CGT, les propos du président remerciant les retraités pour leur contribution à la solidarité sont proprement scandaleux : « Avant même la hausse de la CSG, nous avons calculé qu'en douze ans le pouvoir d'achat des retraités avait baissé de 20 %. Et avec la réforme des retraites qui programme la disparition des cotisations sociales au profit d'un financement par l'impôt, on peut s'attendre à ce que la CSG soit la variable d'ajustement pour financer le chômage et la protection sociale. » 

Entre le blocage des pensions et la réforme des retraites, l'avenir du niveau des pensions de retraite est gravement compromis. Au-delà de la baisse des pensions, un autre aspect de la hausse de la CSG est contesté pour son caractère injuste, c'est notamment le fait que la CSG servirait à financer l'assurance chômage tandis qu'en plus le patronat voit ses cotisations allégées. Cela revient à faire cotiser les retraités pour une assurance qui ne les couvre pas.

Le Conseil d'État a de ce point de vue récemment rappelé au gouvernement le principe selon lequel « la cotisation est à la base du financement de la protection sociale ». « Mais la CSG n'est pas techniquement une cotisation, mais un impôt » insiste encore Pascal Santoni. À la suite des manifestations du 15 mars, le gouvernement a cependant esquissé un premier pas en arrière. En bougeant le curseur du niveau de pension soumis à la CSG, quelque 100 000 retraités ont pu en être exonérés au regard du projet initial.

On reste cependant toujours loin du compte et le syndicaliste ne décolère pas : « les retraités ont été trompés par Macron. Au départ, il prétendait que la hausse de la CSG ne concernerait que les retraités les plus aisés. Il a simplement oublié de préciser qu'il prendrait en compte non pas le montant de la pension, mais le revenu fiscal. On en arrive à cette aberration qu'un couple de retraités où chacun perçoit une pension en dessous du seuil de pauvreté atteint un revenu fiscal de référence qui les soumet à la hausse de la CSG. »

Une unité qui dure

C'est la troisième mobilisation qui inclut l'ensemble des organisations syndicales de retraités à l'exception de la CFDT et de l'Unsa. Pour le 14 juin cependant, la CFDT a aussi indiqué qu'elle mènerait des actions, mais de manière séparée. C'est toutefois encourageant selon Pascal Santoni : « C'est important de noter que ce mouvement parti dans l'unité, s'y maintient et se poursuit dans la durée ».