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Les salariés de Findus à Boulogne-sur-Mer (62) arrachent 7% d’augmentation

22 février 2023 | Mise à jour le 22 février 2023
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A l'usine Findus de Boulogne-sur-Mer (62),des débrayages quotidiens massifs de deux heures ont eu lieu du 6 au 13 février 2023 pour exiger des augmentations salariales. La CGT se réjouit de la participation forte de jeunes dans cette lutte qui a permis d'arracher une moyenne de 7% d'augmentation.     

 

« La CGT réclamait 15% d'augmentation, mais quand nous sommes venus annoncer que la proposition de la direction était de 4% assortie d'un conditionnement au présentéisme, toute la production a débrayé » se réjouit encore Nicolas Manier, délégué CGT de l'usine Findus de Boulogne-sur-Mer (Pas-de-Calais).  

Nicolas exerce son premier mandat de syndical et n'a été élu que depuis novembre 2022. Le moins que l'on puisse dire est que ses premières NAO ont été riches d'enseignements. « J'ai 38 ans et je ne suis pas parmi les plus jeunes, mais ce que j'ai remarqué, c'est que ceux qui ont la trentaine et ont été embauchés récemment étaient parmi les plus révoltés sur les salaires au moment des NAO. C'est normal, ils touchent parfois deux fois moins que les plus anciens, ils ont connu l'intérim donc ils pensent qu'ils n'ont pas grand-chose à perdre. Ils ne craignent pas  de perdre leur travail comme ceux de la génération d'avant et se disent qu'après-tout si on leur fait un gros chèque pour partir, ce n'est pas si mal… » 

Une situation et une mentalité nouvelle que la direction de cette usine de poissons surgelés de 186 salariés n'avait sans doute pas imaginé rencontrer.

« Attendez les NAO… »

A la fin de l'année dernière, l'impatience était déjà palpable sur les salaires. L'équipe CGT nouvellement élue demandait alors l'ouverture de négociations. « Impossible avant l'ouverture des NAO » avait répondu la direction.  « Nous avons donc été patients, mais dès l'ouverture nous avons décidé de fixer la barre à 15% d'augmentation. Ca peut paraître beaucoup, mais ce n'était pas déconnant au vu de l'augmentation du SMIC, des 6% d'inflation et des 4% obtenu l'année dernière sous condition de présentéisme » explique Nicolas.   

L'arnaque augmentation contre présentéisme  

En effet, en 2022, la direction avait accordé une augmentation de 4% mais fractionné chaque mois de 0,33% et sous condition de non-absentéisme dans le mois. « Et comme ça, si un salarié était absent une semaine mais à cheval sur deux mois, il perdait deux fois 0,33%… Et puis nous ne sommes pas tous égaux devant la santé» s'insurge Nicolas. Un système vécu comme particulièrement injuste par les salariés.  

Début 2023, la direction propose de reconduire ce système avec une augmentation mensuelle de 0,20 % conditionné au présentéisme, le tout assorti de 20 euros bruts pour tous et d'une enveloppe de 0,5% pour les augmentations individuelles. Un gouffre avec la demande CGT de 15%. Dans un esprit d'unité et bien que la CGT soit fondamentalement opposée au conditionnement au présentéisme, elle fait une contre-proposition commune avec la CFDT, d'un doublement des propositions de la direction. Mais était-ce ce que souhaitaient les salariés ?

Embrasement spontané 

« Quand on a exposé les propositions de la Direction aux salariés – surtout avec le conditionnement au présentéisme – tous ceux de l'après-midi ont débrayé, ce ne sont pas les syndicats qui ont appelé à le faire … » se rappelle Nicolas. Or nous étions le 6 février et le 7 était  une journée nationale d'action à l'appel de tous les syndicats. Naturellement, l'équipe du matin a débrayé et la production a été  quasiment à l'arrêt. A cours des jours suivants, une stratégie a été  mise en œuvre pour poursuivre le mouvement de grève en minimisant les pertes salariales, soit des arrêts de deux heures à des moments stratégiques de la production, de sorte que l'impact soit maximum. »

Heureux épilogue 

Le 13 février 2023, la direction fait savoir qu'elle acceptera de négocier si le feu qu'entretient le piquet de grève devant l'usine est éteint. « Nous avons accepté de l'éteindre mais pas de lever les piquets et en poursuivants nos débrayages de deux heures » rapporte le délégué. Le 14 février, enfin un accord est trouvé. La Direction propose 4% d'augmentation assorti de 50 euros, soit l'équivalent de 7,1% pour les bas salaires et 6,9% en moyenne pour les autres. Au-delà des chiffres, ce qui réjouit avant tout la nouvelle équipe syndicale CGT, c'est d'avoir fait retirer ce lien injuste et délétère pour la santé entre présentéisme et augmentation salariale.