Les syndicats de l’Éducation nationale et enseignement supérieur appellent à la grève le 26 janvier
Alors que les contraintes liées à l'évolution de la pandémie de Covid-19 se prolongent et s'intensifient à nouveau, la pression s'accroit encore sur l'école et l'université sans pour autant remettre en cause la réforme – majoritairement dénoncée – menée par Jean Michel Blanquer. C'est dans ce contexte incertain et de colère sourde que les syndicats de l'Éducation nationale appellent à la grève le 26 février.
« Il y a beaucoup d'angoisse parmi les profs et les personnels, relève Marie Buisson, secrétaire générale de la FERC-CGT. On a l'impression que le ministère de l'Éducation improvise et qu'il nous oblige à improviser avec lui. Exemple : on apprend jeudi soir dernier, à la conférence de presse du Premier ministre, que les cours d'EPS Éducation physique et sportive sont annulés à partir du lundi suivant. Ce qui a supposé de tout préparer en un jour ouvrable alors qu'il s'agit parfois d'établissements de 1 300 élèves… Évidemment, tout le monde y a passé le weekend. » Et l'intersyndicale – CGT, FO, FSU, Sud, SNALC et SNCL – de réagir : « nos organisations partagent la préoccupation du maintien de l'ouverture des lieux scolaires. Elles alertent cependant sur la nécessité d'anticiper l'ensemble des scénarios en fonction de l'évolution de la situation sanitaire. La mise en œuvre d'une protection renforcée des personnels et des élèves doit être planifiée dès à présent. »
Défiance contre la réforme
Pour les syndicats, les moyens consacrés à l'éducation sont insuffisants face aux exigences ; la crise sanitaire en est « un révélateur flagrant ». « Les inégalités continuent à se creuser et les réformes menées par le ministre les aggravent », concluent-ils. L'enveloppe de 400 millions d'euros adoptée en octobre dernier pour la revalorisation des salaires des enseignants est jugée insuffisante et seule une minorité des personnels est concernée. Les AED (assistant d'éducation) et AESH (accompagnant des élèves en situation de handicap) sur qui repose aussi en grande partie le quotidien des écoles, collèges et lycées en sont exclus alors même qu'ils réclament une véritable reconnaissance de leur métier et la fin du plafond des six ans d'exercice.
Dans le même temps, l'intersyndicale dénonce des attaques constantes comme le Grenelle du ministre qui, selon eux, « modifiera en profondeur le fonctionnement de l'école, les missions et les statuts des enseignants ». Autre point de discorde : la mise à mal de l'éducation prioritaire avec « l'abandon d'une politique de territoires au profit d'une contractualisation avec chaque école ou établissement scolaire ». Enfin, ils entendent combattre le projet de loi 4D de décentralisation avec lequel « le gouvernement veut engager une opération de déconstruction du service public d'éducation. »
Des revendications constantes
Abandon des suppressions d'emplois ; rattrapage des pertes salariales subies grâce à un plan pluriannuel de revalorisation ; créations de postes à la hauteur des besoins… Les revendications des syndicats de l'Éducation nationale ne varient pas et semblent plus justifiées que jamais. « Afin de baisser les effectifs par classe à court et moyen terme et de prendre en compte l'état de fatigue des personnels, épuisés par des années de dégradation des conditions de travail, il faut en urgence engager les recrutements nécessaires, notamment en recourant aux listes complémentaires. » Une mesure de bon sens, au moment où l'exigence de garder l'école ouverte malgré un possible reconfinement est dans toutes les têtes.
L'Université et la recherche aussi
Malgré des mois de contestation, la loi de programmation de la recherche du 24 décembre, établit « des éléments de destruction des statuts nationaux, de précarisation, de mise en concurrence des établissements et des personnels », dénonce l'intersyndicale — SNTRS-CGT, CGT FERC SUP, CGT-Inrae, Snesup-FSU, Snep-FSU, Snasub-FSU, FOESR, Sud Éducation, Sud Recherche EPST, Solidaires, L'Alternative, Unef, SNCS-FSU, Snetap-FSU, FACS et Labos en lutte.
Les syndicats dénoncent unanimement une loi qui « risque même d'aggraver une situation déjà très préoccupante. Avec le financement en dents de scie des recherches sur les coronavirus, la crise sanitaire a pourtant clairement démontré l'impasse à laquelle mène la stratégie de recherche sur projets. » Ils se méfient également de l'effet d'annonce de l'augmentation de 10 % de la dotation des unités promise pour 2021 et qui devait leur être notifiée courant janvier. « Nous demandons que le financement récurrent des équipes et des unités de recherche sur dotation d'État redevienne prépondérant et soit significativement augmenté ; c'est la condition pour préserver la liberté de recherche qui seule permet une recherche publique indépendante. » Une revendication particulièrement audible par temps de pandémie galopante et d'insuffisance de vaccins.
Des revendications précises
Quant aux conditions de réouverture des universités pour une minorité, les organisations syndicales réclament « le retour sur site de l'ensemble des étudiants (…) dans des conditions sanitaires sécurisées dont la mise en place est de la responsabilité du gouvernement. » Et de revendiquer que « les moyens humains, financiers et matériels nécessaires soient attribués de toute urgence sous peine de sacrifier une génération entière d'étudiants. » Soit, concrètement : un plan pluriannuel de recrutements de 65 000 postes titulaires sur 10 ans, dont 8 500 créations de postes pour l'année 2021, pour l'ensemble de l'ESR tous corps confondus et la titularisation des personnels contractuels recrutés sur fonctions pérennes, ainsi qu'un effort budgétaire programmé sur 10 ans de trois-milliards d'euros supplémentaires par an en faveur de l'Enseignement supérieur recherche (ESR).