À venir
Votre identifiant correspond à l'email que vous avez renseigné lors de l'abonnement. Vous avez besoin d'aide ? Contactez-nous au 01.49.88.68.50 ou par email en cliquant ici.
HAUT
VIOLENCES SEXISTES

« Les violences sexistes et sexuelles au travail doivent sortir de l’angle mort »

22 novembre 2019 | Mise à jour le 21 novembre 2019
Par | Photo(s) : Boris Horvat/AFP
« Les violences sexistes et sexuelles au travail doivent sortir de l’angle mort »

Dans le cadre de la journée mondiale contre les violences sexistes et sexuelles, une marche est organisée à l'appel de nombreuses organisations — dont la CGT — le samedi 23 novembre 2019 à Paris. Sophie Binet, dirigeante confédérale, explique pour le collectif femmes-mixité en quoi le monde du travail est particulièrement concerné.
La CGT réclame un milliard d'euros de budget annuel pour lutter contre les violences intrafamiliales. Est-ce là la principale revendication de la marche du 23 novembre 2019 ?

Sophie Binet : Le monde du travail est l'angle mort des violences faites aux femmes. La CGT réclame un milliard d'euros de budget annuel, mais surtout des mesures pour lutter contre les violences au travail. Il s'agit de protéger le droit au travail des victimes de violences conjugales et aussi de mettre fin aux violences sexuelles et sexistes au travail.

Le mouvement Metoo est bien parti de cela puisque ce qu'ont subi les actrices, ce sont des violences au travail. Il y a un lien de subordination avec les réalisateurs. Or c'est silence radio sur le travail. Le gouvernement et le patronat refusent d'en parler et de discuter de quoi que ce soit.

Or on ne peut sortir des violences sexistes et sexuelles sans s'intéresser à ce qu'il se passe au travail. Les violences conjugales impactent les femmes dans leur situation de travail et il s'agit donc de sécuriser leurs droits et leur contrat de travail, mais aussi d'agir sur leur lieu de travail, là où se déroule une part importante des violences sexuelles et sexistes.

Le travail est malheureusement un lieu de violence pour les femmes : dix viols ou tentatives par jour, une femme sur cinq minimum qui a subi du harcèlement au travail… Si on ne parle pas du travail, on ne mènera pas de politique pour éradiquer les violences.

Quel est l'impact de la disparition des CHSCT et des délégués du personnel ?

C'est un coup dur. Cela faisait partie des outils de prévention dont nous disposions pour protéger les victimes. Les délégués du personnel étaient aussi les premiers à intervenir auprès des victimes.

C'est donc catastrophique, mais nous n'en restons pas là et nous faisons de nombreuses propositions concrètes. Par exemple, concernant les nouveaux référents harcèlement au sein du CSE, nous constatons qu'aujourd'hui, ils n'ont aucun moyen concret pour mener leur mission : pas d'heures de délégation ni de prérogatives spécifiques vis-à-vis de l'employeur, pas de locaux pour recevoir les victimes en toute confidentialité, pas d'heures de formation obligatoires etc.

Dans certaines entreprises, nous sommes arrivés à obtenir des choses par la mobilisation et la négociation mais la loi demeure totalement insuffisante.

Et qu'en est-il de la mobilisation syndicale internationale du 23 novembre, c'est-à-dire le samedi précédant la journée internationale pour l'élimination de la violence à l'égard des femmes du 25 novembre ?

Le 25 novembre 2019 est une journée mondiale contre les violences sexistes et sexuelles dans le monde. La CSI appelle à une mobilisation partout dans le monde avec comme mot d'ordre la ratification de la norme OIT de juin 2019.

La CGT appelle le gouvernement à ratifier cette norme OIT contre les violences et le harcèlement dans le monde du travail et à renforcer la législation pour que la France obtienne des droits de haut niveau. La France doit s'aligner sur les meilleurs standards internationaux.

De ce point de vue nous sommes encore assez loin de l'Espagne qui a adopté depuis longtemps une loi cadre avec des moyens qui a fait considérablement reculer les violences. Et même, nous sommes loin de pays comme les Philippines ou la Nouvelle Zélande, qui ont créé des droits à congés payés pour les femmes victimes de violences conjugales.

#NousToutes marche à 14 heures, place de l'Opéra à Paris : Stop aux violences sexistes et sexuelles.