12 octobre 2015 | Mise à jour le 1 mars 2017
Métro sale, chantiers à l'arrêt, ordures jonchant les rues, bambins sans nounou, patients hospitalisés et personnes dépendantes sans soins, telle serait la France sans travailleurs immigrés.
Un panorama catastrophique : telle serait la France sans travailleurs immigrés. Et l'on pourrait additionner bien des exemples. Notamment dans les secteurs de l'hôtellerie-restauration, de l'agriculture, de la santé, de l'industrie, de la surveillance…
90 % des autoroutes et un logement sur deux ont été construits par de la main-d'œuvre immigrée. Tous les secteurs dont les emplois sont les plus pénibles et les salaires les plus bas. Et, poursuit avec humour le commentaire de Martine Delumeau dans son documentaire « Le véritable coût de l'immigration« : « Imaginez l'équipe de France de football sans immigrés ! »
POURFENDRE LES FANTASMES
Pourfendant les fantasmes et contredisant – exemples et chiffres à l'appui – les discours de certains politiques, le documentaire s'attache à montrer la réalité de l'immigration légale en France. Expliquant aussi, dans une interview, pourquoi elle ne traite pas de l'immigration clandestine,la réalisatrice précise : « La question de l'immigration illégale est un autre sujet et il est extrêmement vaste. On peut parler de tout, mais en 52 minutes, si on le fait, on finit par ne parler de rien. »
Voilà qui ouvrira, souhaitons-le, la porte à un nouveau volet de cette précieuse enquête…
En démontant une à une les idées reçues sur l'immigration, le documentaire fait œuvre pédagogique et surtout politique. On y précise, par exemple, qu'en vingt ans, l'immigration légale n'a augmenté que de 1,2 %, que les demandeurs d'asile sont la seule catégorie qui perçoit une allocation (11 €/jour) dès son arrivée, dans l'attente de la décision de l'Ofpra qui rejette 82 % de ces demandes…
Et que le nombre de demandes d'asile en France a baissé de 4 % entre 2013 et 2014.
CE QUE L'IMMIGRATION COÛTE… À L'IMMIGRÉ
Les immigrés légaux ne perçoivent donc aucune aide et, en suivant Milli, jeune péruvienne surdiplômée, ou Mohamed, brillant médecin marocain venu faire sa spécialité en France, on constate surtout ce que l'immigration coûte… à l'immigré !
Ne serait-ce que le titre de séjour pour lequel il faut s’acquitter d’un montant de 600 €, ou les 7 500 € qu'un étudiant étranger doit posséder sur un compte bancaire pour avoir le droit d'étudier en France. L'accès aux minima sociaux n'est pas plus aisé ni plus généreusement doté pour les immigrés que pour les natifs ; il est même souvent plus strict.
Ainsi, pour percevoir le RSA, il faut un titre de séjour en règle et 5 ans de présence sur le territoire. Pour la CMU, un titre de séjour et 3 mois de présence, tandis que l’aide médicale d’État (AME qui concerne les sans-papiers) est aussi soumise à cette condition d'un trimestre de présence en France. Cumulées, ces aides ne représentent pas un gouffre, mais seulement 0,4 % des dépenses de la branche santé.
DES QUALIFICATIONS OBTENUES ET FINANCÉES EN AMONT
Beaucoup d'immigrés arrivent avec des diplômes et qualifications qui n'ont rien coûté à la France puisqu'obtenus dans le pays d'origine. Mais il leur faut parfois 10 ans pour que ces acquis soient reconnus, période pendant laquelle ils paient impôts et taxes comme tous les autres habitants du territoire national.
Ainsi, à l'hôpital, les praticiens étrangers, à qualification et travail égal, n'ont pas le même statut tant que leurs diplômes ne sont pas reconnus. Ils sont en conséquence payés 40 % de moins.
LE SCANDALE DES TRAVAILLEURS DÉTACHÉS
À cette réalité s'ajoute le scandale des « travailleurs détachés » (lire aussi : Le prix de la libre circulation). Cela concerne quelque 300 000 personnes qui ne pourront acquérir les droits des autres immigrés, puisque leur contrat ne prévoit qu'un séjour de moins d'un an, alimentant ainsi un dumping social effréné dont témoigne l'un de ces travailleurs (des chantiers navals de Saint-Nazaire) dialoguant avec un délégué CGT.
Afin de mettre un terme à tous les clichés, ce documentaire rappelle également que les personnes immigrées contribuent au budget du pays en acquittant, par exemple, 18,5 milliards d'euros de taxes chaque année et en créant 7 % des nouvelles entreprises.
? Le véritable coût de l'immigration. Réalisé par Martine Delumeau. Mardi 13 octobre, France 5, 20 h 40.