L’impossible retour

Dans Par les villages, la fameuse pièce de Peter Handke qui embrasa la Cour d'honneur cet été sous la houlette de Stanislas Nordey, Grégor, le fils aîné et l'écrivain, justement, est de retour. Son frère et sa sœur souhaiteraient le voir abandonner sa part au profit de leur avenir pourtant sans éclat. Discussion, incompréhension, rébellion, frustration, accusation ? Le dialogue ne passe pas entre les membres de la fratrie. Durant près de quatre heures se succèdent donc surtout les monologues où chacun exprime son point de vue et ses états d'âme. Tout semble à reconstruire, tout paraît pourtant déjà en ruine : les liens entre les uns et les autres, un monde ancien en décomposition…

Avec Handke, chacun a droit à la parole, sublimement épique et poétique, de l'ouvrier à l'écrivain, de la jeune fille à la femme âgée. Qui croire ? L'ouvrier fier de son ouvrage alors que le béton envahit les campagnes ? L'enfant prodigue qui a réussi à la ville ? Les paroles de vérité sont peut-être à entendre de la bouche des femmes entre jeunesse et vieillesse, entre rêves avortés et désirs inachevés. Jeanne Balibar, Emmanuelle Béart, Annie Mercier : trois figures de femmes, bouleversantes dans des registres aux intonations totalement différentes. Une mise en scène de Nordey épurée à l'extrême, pour des interrogations qui défient le temps. Face au temps qui passe et au monde qui change, face à cette solitude première à l'heure de notre mort : que faisons-nous, qu'avons-nous fait de notre humanité ?

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Du 5 au 30 novembre au Théâtre de la Colline www.colline.fr, puis tournée nationale jusqu'en février 2014