C'est un rendez-vous joyeux dans un monde qui ne l'est guère, un éclat de rire enfantin au milieu du bruit des armes et des bombes. Jusqu'au 5 décembre, le livre et la presse jeunesse tiennent salon à Montreuil, pour les enfants qui ont la chance d'aller à l'école, d'avoir un toit, de vivre en paix et d'avoir accès à des livres.
Il y a un an, le salon s'ouvrait encore sous le choc des attentats de Paris. Aujourd'hui, la violence du monde est partout, et il importe de donner aux enfants et aux jeunes lecteurs des clefs pour comprendre. Une tâche délicate que la poésie, l'intelligence, la beauté, l'humour ou la tendresse des textes et illustrations mettent au service de cette quête de sens qui n'a pas d'âge.
C'est cette mission que remplit depuis vingt ans Rue du monde, une maison d'édition petite par la taille, mais grande par les ambitions et le talent. Et qui innova dès sa création, et avant que vienne l'habitude du financement participatif puisqu'en 1996, Alain Serres lançait un appel à financement sur un projet de quatre livres. Aujourd'hui, 425 ouvrages édités plus tard, l'éditeur et son équipe peuvent être fiers d'un parcours original et parfois dérangeant. En témoigne par exemple Papa, pourquoi tu as voté pour Hitler ? (43 p., 15,80 €), la montée du nazisme vue par les yeux d'un gamin et qui va toucher de près sa famille. Signé Didier Daeninckx et Pef, éclairé par de petites vignettes qui rappellent le contexte historique, c'est un concentré d'intelligence et d'humanité pour expliquer l'indicible…
On adore aussi Bonnes nouvelles du monde (d'Alain Serres et Nathalie Novi, 32 p., 20,20 €) conte philosophique où un vieux journaliste lance ses oiseaux à la recherche des bonnes nouvelles du monde. Un minuscule colibri qui zézaie rapportera des événements bien plus grands que lui, locaux ou globaux mais toujours solidaires et attentifs à la vie… Les images de Nathalie Novi sont d'une beauté saisissante.
Poésie toujours, et un brin de magie pour départager une fratrie de trois petits Chinois qui ont trouvé le plus beau des nids d'hirondelle. Pendant qu'ils se chamaillent pour se l'approprier, à grand renfort de prouesses, le nid d'hirondelle pourrait bien leur filer sous le nez ! Trois frères pour un seul trésor, d'Annelise Heurtier et Judith Gueyfier. 32 p., 16 €.
Hommage au travail des auteurs graphiques de ces livres, Ce tigre a avalé mon carnet de dessin (Alain Serres/Laurent Courvaisier, 40 p., 17 €) donne la parole à l'artiste qui perd son précieux carnet et qui le retrouve, puisque Ceci est mon carnet de dessin ! (160p., 22 €) a heureusement échappé aux dents du félin. Le salon fait aussi une belle place à la diversité des formes d'ouvrages, comme les livres objets, les livres accordéons, les pop-up, les outils de lecture interactive, les livres sonores et des nouvelles technologies au service de la lecture.
Le site du salon