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SYNDICALISATION

L’UD93 fête son demi-siècle

20 octobre 2016 | Mise à jour le 12 décembre 2016
Par | Photo(s) : DR
L’UD93 fête son demi-siècle

Les cinquante ans de l'UD CGT de Seine-Saint-Denis sont l'occasion de faire le bilan sur le département qui compte le bassin d'emploi le plus dense de France. Luttes sociales et immigration composent l'ADN d'un territoire infatigablement en lutte.

Du 5 octobre au 5 novembre, l'UD 93 fête ses cinquante ans. Un colloque à la bourse départementale du travail de Bobigny réunissait, le 5 octobre 2016, militants et historiens pour évoquer les cinq dernières décennies de présence syndicale CGT en Seine-Saint-Denis. Des débats menés sous la houlette d'Alain Lepert, secrétaire général de l'institut CGT d'histoire sociale du 93.

Bassin économique et luttes sociales

C'est en 1966 que la Seine-Saint-Denis voit le jour. Elle prend le numéro 93, auparavant attribué au département de Constantine, en Algérie.

Hervé Ossant, secrétaire général de l'UD CGT 93 rappelle l'histoire des injustices sociales, principalement celle des bidonvilles dans lesquels s'entassaient jusqu'à 9000 personnes entre Saint-Denis, Aubervilliers, La Courneuve et Noisy-le-Grand. Il rappelle également qu'aujourd'hui encore, le 93 compte le bassin d'emploi le plus dense de France, mais c'est aussi un territoire marqué par un fort taux de chômage.

Travailleurs immigrés, puis sans-papiers

Parmi les luttes ouvrières, il y a ici, en plus, la spécificité des « luttes des travailleurs immigrés », comme l'explique Vincent Gay, historien à l'université d'Evry. Le 93 est « une terre d'immigration, et ses usines en sont le reflet, avec une forte présence d'ouvriers spécialisés, pour beaucoup originaires du Maroc, au sein desquels se déclenchent des grèves spontanées. La CGT va apporter son soutien en terme d'encadrement et porter leurs revendications sur les conditions de travail, mais aussi sur le logement».

Émergera de ces luttes une génération de militants issus de l'immigration. Plus tard, mais dans la continuité de l'engagement en faveur des plus exploités, c'est naturellement que la CGT portera le combat des travailleurs sans papiers en soutenant leur première grève en avril 2008.

Les femmes secouent les préjugés

Les luttes des femmes ne sont pas en reste. Amandine Tabutaud, auteure d'une thèse sur les ouvrières en région parisienne entre 1950 et le début du XXIe siècle, rappelle les nombreux conflits qui ont mis en avant des femmes, tant dans la lutte et l'organisation de la grève que dans les négociations avec les patrons. « Ces luttes se sont confrontées au poids des mentalités qui n'acceptaient pas de voir la femme autrement qu'en bonne épouse ou en bonne mère », explique la chercheuse. Et bien qu'il reste toujours des progrès à accomplir dans ce domaine, ces femmes ont, dès cette époque, modifié profondément le visage d'une CGT elle aussi largement dominée par les hommes.

Et le 93 décolle

Entre histoire et présent, les intervenants à la tribune ont encore montré l'enjeu stratégique qu'a été la création de l'aéroport de Roissy en 1976. Avec l'aéroport, l'UD 93 va écrire une nouvelle page du syndicalisme, où l'omniprésence des contrôles de la gendarmerie et de la préfecture (qui autorise – ou non – la circulation des travailleurs) s'accompagne « d'une répression syndicale permanente », comme l'explique l'historien Guillaume Trousset, qui rappelle que l'épisode de la « chemise déchirée » n'est ni le premier ni le plus violent des incidents que le site a connus.

Et en écho à cette répression syndicale, c'est par la conquête et le maintien des bourses du travail, symbole s'il en est du syndicalisme, que la CGT 93 entend s'inscrire dans les luttes à venir, pour au moins les cinquante prochaines années.

À noter

Le 5 novembre, les cinquante ans de l'union départementale 93 se fêteront en musique au complexe sportif Nelson-Mandela, à la Plaine-Saint-Denis (6 rue Francis-de-Pressensé à Saint-Denis).