Mai 68 : sous les clichés, la grève
Aujourd’hui, nombre de ses « experts » autoproclamés en détournent le sens, dans une France où ils entendent faire régner un nouvel ordre libéral. Lire la suite
« Nous étions trois syndiqués dans l'entreprise. Dès le 15 mai, nous avons organisé des assemblées générales là où étaient emmenés les gars le matin sur le chantier en camionnette. Nos revendications portaient toujours essentiellement sur les conditions de travail et les salaires. On travaillait 45 heures en hiver et entre 55 et 60 heures par semaine en été. On payait nous-mêmes nos chaussures de sécurité, on n'avait pas de placards pour ranger nos affaires.
Très vite, chez Thorand, tous les salariés ont été en grève. Avec l'UD et des camarades d'autres professions, on a fait la tournée de tous les gros chantiers du département. A partir du 22 mai, l'ensemble des salariés du BTP des Alpes-Maritimes étaient en grève. Tous les jours nous faisions des comptes rendus en AG chez Thorand et à l'UD.
Le conflit a duré jusqu'au 7 juin. On a obtenu une amélioration de nos conditions de travail : armoires, chauffage pour nos gamelles, lavabos avec robinets, toilettes sur les chantiers, et horaires. Mais surtout, on a gagné en dignité. La force que nous représentions avec la reconnaissance du fait syndical nous a permis tout de suite après 68 de gagner deux jours de repos consécutifs, en application des accords départementaux dans toutes les entreprises du BTP.
Notre syndicat est passé de quelques dizaines d'adhérents à plus de 5 000 syndiqués sur le département ! Dans ma boîte, nous étions, après la grève, 90 % de syndiqués. C'est ce qui a permis des avancées sociales considérables dans l'après-68. Après cet élan, rien n'a été comme avant. Sur le plan revendicatif, j'ai un regret : qu'on n'ait pas gagné sur les ordonnances concernant la Sécurité sociale. J'espérais aussi qu'on allait tout changer. Mais là, on s'est heurtés à la politique de certains partis. Ce qui m'a fait mal, c'est la manif de la réaction à Nice, des gosses en uniforme de paras étaient en tête du défilé.
Cela dit, 68 a montré la force du monde du travail quand il se mobilise et s'organise. Il ne faudrait pas qu'on l'oublie. Je garde aussi un autre bon souvenir, mon fils est né en juin 1968… »
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