Mai 68 : sous les clichés, la grève
Aujourd’hui, nombre de ses « experts » autoproclamés en détournent le sens, dans une France où ils entendent faire régner un nouvel ordre libéral. Lire la suite
« J'étais déjà élue du personnel depuis mes 21 ans [âge de la majorité, NDLR], je vivais en couple sans être mariée, ce qui faisait beaucoup jaser. L'entreprise devait compter environ 300 salariés, mais j'ai connu tellement de plans sociaux par la suite que je ne sais plus très bien. En revanche, les souvenirs de l'usine occupée ne s'effaceront jamais. Dans notre ville de Troyes, les ouvriers des principales entreprises s'étaient concertés pour démarrer la grève en même temps.
Un matin, j'ai exigé du directeur qu'il me confie les clés de l'usine ; nous avons demandé aux cadres qu'ils restent avec nous, nous ne voulions pas rester seules. Comme nous, ils ont fait les trois-huit. On se rassemblait dans la cour, eux dans les bureaux. Les rôles étaient inversés, nous leur ouvrions les portes quand ils voulaient entrer et sortir. L'occupation était très organisée, nous prenions soin des machines, des camarades de l'union départementale faisaient des rondes nocturnes. Nous avons partagé un temps qui ne nous appartenait pas en temps ordinaire. Le boulanger nous ravitaillait gratuitement. Des non-grévistes ont organisé une contre-manifestation pour le droit de travailler. À la reprise du travail, j'ai pleuré lorsque j'ai rendu les clés au patron, je savais que plus jamais je n'éprouverai un tel sentiment de liberté. »
Aujourd’hui, nombre de ses « experts » autoproclamés en détournent le sens, dans une France où ils entendent faire régner un nouvel ordre libéral. Lire la suite
Médiapart et les Editions de l’Atelier se sont associés pour collecter des centaines de témoignages sur celles et ceux qui ont vécu Mai 68. Lire la suite