La mobilisation s’impose toujours
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Emmanuel Macron a beau railler la rue, cette fois depuis New York, la rue a pourtant vu déferler de nouveau quelque 500 000 salariés du privé et du public, jeunes et retraités ce jeudi 21 septembre à l'appel de l'intersyndicale à l'origine de la première journée de mobilisation (qui rassemble CGT, Solidaires, FSU, syndicats d'étudiants et lycéens), ainsi que de nombreuses organisations de jeunes. La dynamique s'élargit puisqu'au-delà des manifestations qui ont eu lieu dans toute la France, plusieurs milliers d'arrêts de travail ont été recensés dans les entreprises. Ce mouvement d'ampleur dépasse celui des premières journées d'action contre loi El Khomri, confirmant les derniers sondages : la majorité des salariés considère en effet que leurs droits sont menacés (68 %) estiment que les ordonnances sur le Code du travail vont « favoriser les licenciements » et, selon un sondage « L'Opinion en direct » de l'institut Elabe pour BFMTV publié le 20, 53 % des citoyens se déclarent en effet favorables à la mobilisation contre cette réforme du droit du travail.
La popularité du locataire de l'Élysée s'effondre. Un autre sondage (Odoxa pour Sud-Ouest), confirme la chute libre de l'été. 56 % des citoyens considèrent Emmanuel Macron comme « un mauvais président ». En moins de deux mois et demi, il a encore perdu 14 points. Minoritaire sur sa réforme, il a pourtant l'intention, jusqu'à présent, de passer outre. Après la présentation des ordonnances le 31 août dernier par le Premier ministre Édouard Philippe et la ministre du Travail Muriel Pénicaud, les ordonnances réformant le Code du travail doivent adoptées ce vendredi 22 septembre lors du conseil des ministres, pour être publiées la semaine prochaine au Journal officiel.
Une conception pour le moins spécieuse de la démocratie de la part d'un chef de l'État qui s'en dit garant contre la rue. Un président droit dans ses bottes, davantage à l'écoute des exigences du Medef et du grand patronat.
Rien n'est encore joué, cependant. Car le front social s'élargit : mobilisation des routiers qui manifesteront le 25 septembre à l'appel de la CGT et de FO, des retraités, qui seront dans la rue le 28 dans l'unité, des fonctionnaires, appelés là aussi dans l'unité à défendre leurs droits à l'occasion d'une journée d'action le 10 octobre… « Il faut que les salariés interviennent et que les citoyens interviennent, c'est ça la démocratie dont ne parle pas M. Macron », a commenté Philippe Martinez.
Nombre de militants et d'organisations de FO ou de la CFDT étaient eux aussi présents dans les défilés ce jeudi. Et la CGT en appelle aux organisations pour débattre d'une riposte unitaire face à cette démolition programmée du droit du travail.
Les dirigeants de la CFDT, de la CFTC et de l'Unsa en mesurent aussi les dangers, qui ont publié la semaine dernière une tribune commune dénonçant un texte « déséquilibré (…) au détriment des salariés ». Ils critiquent trois des mesures phares des ordonnances : la facilitation des licenciements « au point d'imposer à la justice prud'homale une limitation des indemnités versées aux victimes de licenciements illégaux », la mise en place d'une « instance unique de représentation » des salariés, dont « les moyens ne sont pas garantis », et la possibilité de négocier, dans les entreprises de 50 salariés ou moins, sans organisation syndicale.
Il y a donc un terrain d'entente possible sur ces sujets au moins pour que l'unité fasse reculer l'exécutif.
Parce que quand les salariés et leurs organisations sont désunis, le patronat sait qu'il va pouvoir sabler le champagne.
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