À venir
Votre identifiant correspond à l'email que vous avez renseigné lors de l'abonnement. Vous avez besoin d'aide ? Contactez-nous au 01.49.88.68.50 ou par email en cliquant ici.
HAUT
SANTÉ

Menaces de cancers : les lanceurs d’alerte CGT portent plainte

25 mai 2018 | Mise à jour le 30 mai 2018
Par et | Photo(s) : Guillaume Souvant / AFP
Menaces de cancers : les lanceurs d’alerte CGT portent plainte

Donneurs de sang en décembre 2017 à Tours.

Lors d'une conférence de presse jeudi 24 mai, la fédération CGT de la Santé et de l'Action sociale a de nouveau alerté sur un scandale sanitaire, pourtant connu depuis plusieurs mois des services de l'État : les appareils de la société Haemonetics (production et maintenance de machines médicales) mettent en danger les donneurs de plasma et de plaquettes.

Lettres d'alerte, rapports officiels de structures publiques ont fait état du danger sur lequel alertent la Fédération CGT de la Santé et de l'Action sociale . Des composants cancérogènes ou mutagènes, les résines phénol-formaldéhyde (ou phénoliques), et le trioxyde d'aluminium sont présents dans les appareils de prélèvement et dans les produit, selon un rapport du comité scientifique spécialisé temporaire (CSST) nommé par l'Agence nationale de sécurité du médicament (ANSM). Il y a un an, Mediapart faisait état de problèmes similaires.

Trois lanceurs d'alerte, tous trois professionnels du secteur médical, ont donc annoncé ce jeudi, depuis le siège de la CGT, avoir porté plainte pour « mise en danger de la vie d'autrui », des donneurs de plasma en France, en dénonçant le risque d'empoisonnement que feraient courir les appareils de l'américain Haemonetics. Pour eux, en fonction des rapports fournis par les autorités et de ce qu’ils ont pu constater les donneurs bénévoles risquent d'être exposés à ces substances toxiques.

Ils dénoncent les dangers des appareils de Haemonetics pour l'aphérèse. Cette technique de prélèvement du plasma sanguin consiste à extraire le sang du donneur bénévole, en isoler le plasma, et lui réinjecter le reste du sang. Le problème vient selon eux des pratiques de Haemonetics, qui a présenté comme neuves des pièces détachées usagées. Entre autres effets de l'usure, des joints sur ces appareils ont libéré dans le sang ou le plasma des micro ou nanoparticules des composants cancérogènes cités plus haut.

« On a vraiment le droit d'être inquiet. Ces appareils maximisent la libération de particules (…) de composés extrêmement toxiques », a affirmé l'un des plaignants, l'ancien directeur commercial en France de Haemonetics, Alexandre Berthelot. « Le directeur général de la Santé, quand il nous a reçus, disait être très inquiet pour la filière de don du plasma en France, et nous aussi on l'est. Mais on ne peut pas laisser empoisonner les gens », a dit un autre, délégué syndical central de l'Établissement français du sang (EFS), Guylain Cabantous.

La plainte a été déposée mercredi auprès du pôle santé publique du tribunal de grande instance de Paris, pour « mise en danger de la vie d'autrui », « tromperie aggravée », et non-mise en œuvre d'une procédure de retrait et de rappel de produits de santé. Le troisième plaignant, outre Alexandre Berthelot et Guylain Cabantous, est un responsable technique et délégué syndical de Haemonetics, Jean-Philippe Urrecho. C'est lui qui, à l'origine, appelé sur des pannes à répétition, a découvert que son employeur n'envoyait plus aucune pièce détachée neuve en France. La plainte vise l'Établissement français du sang, l'agence de sécurité sanitaire ANSM, et tout coauteur des faits.