Fichiers de police : en attente d’un jugement sur le fond
Le Conseil d’État a rejeté début janvier le recours en référé des organisations syndicales et du Gisti concernant la validité des trois décrets adoptés début décembre... Lire la suite
Slogans appelant à la « démission » de Macron et à mettre « Castaner en prison », banderoles soutenant que « la liberté de manifester est un droit fondamental » ou affiches bricolées dénonçant « la répression criminelle, la démocratie violée », voire « La Répression en Marche », plusieurs milliers de personnes se sont retrouvées ce samedi 13 avril place de la République, à Paris, pour demander, à l'appel d'une bonne cinquantaine d'organisations associatives, syndicales, issues de la société civile ou de gilets jaunes, l'abrogation de la loi anticasseurs, désormais effective depuis le jeudi 11 avril.
Malgré le rejet de l'un de ses articles par le Conseil constitutionnel, lequel prévoyait tout simplement d'accorder aux préfets le droit d'interdire l'accès à une manifestation à tout citoyen considéré comme pouvant être « violent », cette loi reste en effet toujours aussi problématique. Notamment au niveau des paragraphes autorisant les « fouilles » de personnes et de véhicules dans le « périmètre » des manifestations ou la peine d'un an de prison et les 15 000 euros d'amende qui peuvent tomber en cas de dissimulation du visage. Même si c'est pour se protéger des gaz !
« Pendant la campagne électorale, Emmanuel Macron s'était publiquement engagé à protéger le droit de manifester », rappelle Nicolas Krameyer, responsable du programme Liberté pour Amnesty International France. « Moins de deux ans après ces engagements, force est de constater qu'il a suffi d'un mouvement social, certes inédit dans sa durée et sa forme, pour assister à des régressions majeures dans l'exercice de ce droit. »
Cette régression, Gérard, militant syndical CGT à la préfecture de police de Paris, « côté administratif », l'explique par la « dérive autoritaire de l'État macronien ». Laquelle se traduit, selon lui, par « la brutalité constatée d'une partie des forces de l'ordre et un état d'urgence désormais entré dans le droit commun ».
Il est vrai que, depuis le début du mouvement des gilets jaunes le 17 novembre dernier, la principale réponse apportée aux revendications a plus été le recours à la violence que l'écoute. Avec des conséquences dramatiques. Deux bonnes douzaines de mutilés à vie, des blessés par centaines, mais aussi des arrestations en masse, souvent suivies de gardes à vue et de comparution immédiate et, pour certaines, d'emprisonnement direct.
« Les mouvements sociaux ont toujours été réprimés », regrette de son côté Paul, correcteur CGT dans la presse, aujourd'hui victime d'un plan social. « Jusque-là, cela restait à un niveau “tolérable”, mais là, on est passé un cran au-dessus. Avant, tu risquais une journée au poste, maintenant, c'est plusieurs semaines au cabanon. » De quoi dissuader de participer à des manifestations. Et, in fine, vider de sa substance cette liberté fondamentale de manifester, pourtant garantie par notre Constitution.
Intolérable pour la CGT, l'une des organisations initiatrices de la manifestation. « Cela fait longtemps que la CGT est confrontée à la répression, notamment depuis 2016 », reconnaît son secrétaire confédéral, Philippe Martinez, présent dans le cortège des manifestants parisiens. « À chaque fois que l'on s'attaque aux libertés individuelles ou collectives, à la liberté de s'exprimer, la CGT réagit. Elle a réagi en 2016 [contre la loi Travail, NDLR] et elle réagit aujourd'hui. Avec 50 autres organisations pour dire que l'on n'attaque pas la liberté. »
Samedi 13 avril, tous dans la rue pour défendre la liberté de manifester
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