Moments magiques

Au milieu des cartons, une femme est pressée de finir son déménagement. Pas simple d'autant que les objets disparaissent puis réapparaissent, comme ses chaussures rouges qu'elle quitte et qui reviennent sur ses pieds comme par enchantement. Elle leur fera un sort en enfilant des bottes en caoutchouc. Et la voilà maintenant affrontant un monstre géant fait de papier-bulles; l'approche entre la belle et la bête donne lieu à une scène pleine d'émotion qui se conclut par un tendre enlacement.

Dans « Murmures des murs », on pénètre dans un univers étrange, plein de poésie, où se mêlent magie, cirque, danse, musique. Conçu et mis en scène par Victoria Thierrée-Chaplin – la fille de Charlot –, le spectacle est à l'image de la nouvelle approche circassienne impulsée par Victoria et Jean-Baptiste Thierrée qui créent, dans les années 1970, le Cirque imaginaire puis le Cirque invisible. Ici, point de paroles mais des scènes surprenantes où Aurélia Thierrée escalade des immeubles, s'éclipse par des fenêtres pour reparaître par d'autres, tandis qu'un prétendant la cherche.

Au milieu de décors amovibles étonnants, de costumes parfois superbes, les artistes (brillants Antonin Morel et Jaime Martinez qui accompagnent Aurélia) évoluent dans un monde mystérieux, quasi fantastique, se changeant en oiseaux ou en bébé, suivant une scénographie remarquable. Des bandes de tissu ondulent, et c'est un fleuve où une femme se noie. Un bras, une jambe, une tête apparaissent tour à tour.

Un passant plonge pour la sauver, avant d'être dévoré par un monstre marin… Des moments magiques qui nous enchantent de bout en bout !

Renseignements :

«Murmures des murs», mis en scène par Victoria Thierrée-Chaplin. Jusqu'au 23 mai (relâche les 9, 10, 15 et 18 mai) au Théâtre du Rond-Point, 2 bis, avenue Franklin-D.-Roosevelt, 75008 Paris.