Le groupe Bolloré – chiffre d'affaires 10 milliards d'euros – attaque en diffamation un média alternatif, « Bastamag », pour avoir publié un article sur l'accaparement des terres en Afrique qui met en cause le groupe.
Il semblerait que le groupe Bolloré n’apprécie guère que l'on s'intéresse de trop près à ses affaires.
Dans son collimateur : les médias qui démontent, dans des articles documentés, le jeu des filiales aux ramifications multiples qui servent à dissimuler des activités d'accaparement des terres et la réalité des conditions de travail des ouvriers locaux.
L'article incriminé est une synthèse réalisée par une journaliste pour «Bastamag» en 2012. Il s'appuie sur des rapports d'ONG, d'institutions internationales et d'études de think tanks, et concerne aussi Axa ou le Crédit agricole. Article repris par deux bloggeurs (un ébéniste et un instituteur retraité) et Rue 89 dans sa revue de presse, ce qui vaut à ces derniers d'être également visés par cette plainte qui ratisse large. Objectif : intimider ?
Au Tribunal de grande instance de Paris, le 11 février dernier, prévenus, avocats, témoins ont eu l'occasion en huit heures de débats d'évoquer à la fois la question des activités du groupe Bolloré (par ailleurs patron du bouquet Canal +), des « altermédias », du fonctionnement d'Internet et de l'indépendance du journalisme.
Mise en délibéré au 7 avril 2016, cette procédure du pot de fer contre le pot de terre pourrait bien se révéler fort contre-productive pour le groupe Bolloré qui, en cherchant à museler des voix dérangeantes, attire en fait l'attention sur ses activités…
Chronique vidéo de Didier Porte