Avec les occupations de lieux culturels, les vendredis de la colère
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« Aujourd'hui, on sait pourquoi on va chausser les skis ! », s'exclame Jean-François. Le syndicaliste CGT se trouve, ce matin du 14 février, avec plusieurs de ses camarades de l'union départementale (UD) des Pyrénées Orientales, sur le parking de la station de ski Pyrénées 2000, à Bolquère( 66). Ils s'apprêtent à partir à la rencontre des saisonniers de la station pour les informer sur leurs droits en matière de logement et de salaires, notamment. « N'oublie pas de prendre les drapeaux CGT pour la descente, les chasubles ça ne suffit plus ! » lance Tom, qui commence à décharger le coffre de l'une des trois camionnettes de l'UD. Si certains seront à ski pour distribuer des tracts sur les pistes, d'autres arpenteront la station à la rencontre des saisonniers travaillant sur le parking, dans les restaurants ou dans les magasins de location de ski. Déployée au pied des pistes, une tente CGT fait office de point de rendez-vous. Cette rencontre entre la CGT et les saisonniers s'inscrit dans le cadre d'une tournée hivernale dont le coup d'envoi a été donné le 2 février. Elle est aussi l'occasion d'informer les salariés sur l'enjeu des élections des très petites entreprises (moins de onze salariés) qui se tiendront à l'automne prochain.
10h30, un premier saisonnier s'approche de la tente. « C'est bien que vous soyez là. Car j'ai un gros problème de logement en ce moment », déplore Luc 23 ans, saisonnier depuis quatre ans. « On est à trois dans un 17m² et on paye 600 euros par mois, avec un salaire de 1400 euros net. Avant nos employeurs pouvaient nous loger maintenant c'est la guerre et nous sommes perdants. » La guerre dont parle Luc, c'est celle menée, notamment par la plateforme « Airbnb », qui restreint drastiquement l'accès au logement pour les saisonniers, tout comme la mise en location des résidences secondaires destinées aux touristes. C'est d'ailleurs le frein majeur de recrutement des saisonniers pour les employeurs. « Il faut absolument améliorer les conditions de travail des saisonniers, principalement en matière de logement qui doit être prioritaire pour eux avant l'arrivée des touristes », pointe Nawel Benchlikha, membre de la commission exécutive confédérale CGT, en charge de la campagne saisonniers.
Plus loin dans la station sous un préau à l'arrière d'un restaurant, Lauriane et ses collègues prennent leur pause. Tirant rapidement sur sa cigarette, la jeune femme de 26 ans songe elle aussi à laisser tomber son travail, à cause notamment des nouvelles règles l'assurance chômage. « L'emploi saisonnier est par définition un travail rythmé par les saisons et donc discontinu, on a forcément des périodes non travaillées, or depuis 2021, nos indemnités ont énormément baissé. Le gouvernement nous tape sans arrêt dessus ». Depuis la réforme de l'assurance chômage de 2021, les activités professionnelles discontinues sont en effet particulièrement malmenées. Chaque période non travaillée est désormais prise en compte dans le calcul des allocations. Selon l'Unedic, cette réforme a eu pour conséquence une baisse moyenne de 17% des allocations chômage, et … jusqu'à 40 % chez les saisonniers. Hormis Pyrénées 2000, six autres stations de ski (Valloire, Super Dévoluy…), seront ciblées par la CGT jusqu'au 29 mars. Au terme de cette tournée, l'organisation syndicale envisage de travailler à un projet de loi visant à améliorer les conditions de travail des saisonniers. « Un déploiement sur une journée c'est bien mais ce n'est pas suffisant. Nous devons aussi établir un contact régulier avec les saisonniers et les réunir en assemblées générales dans les unions départementales pour cerner leurs attentes. Le bilan de cette tournée hivernale nous permettra de construire un véritable plan d'action dans les territoires concernés», souligne Nawel Benchlikha.
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