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Réforme des retraites

Nouvelle journée de grève et de manifestations ce mardi 10 décembre

10 décembre 2019 | Mise à jour le 10 décembre 2019
Par et | Photo(s) : Loïc Venance/AFP
Nouvelle journée de grève et de manifestations ce mardi 10 décembre

Manifestation parisienne du mardi 10 décembre 2019 contre la réforme des retraites

La mobilisation contre le projet gouvernemental de réforme des retraites se poursuit. Après le succès de la journée du 5 et à la veille de la présentation de l'intégralité du projet par le Premier ministre a eu lieu une deuxième journée de grève et de manifestations dans toute la France ce mardi 10.

Des centaines de milliers de personnes ont de nouveau manifesté dans toute la France ce mardi 10 décembre, pour dire non au projet de réforme gouvernemental de notre système de retraite, et au remplacement d'un régime solidaire par un régime à points. Ils se sont de nouveau mobilisés à l'appel de l'intersyndicale CGT, FO, Sud-Solidaires, FSU et des organisations lycéennes et étudiantes Fidl, MNL, UNL, Unef.

Alors que le Premier ministre Édouard Philippe a annoncé qu'il présenterait dès le lendemain 11 décembre, l'intégralité du projet, la mobilisation était plus faible qu'au premier jour de grèves et de manifestations le 5 décembre dernier, considéré comme le plus fort démarrage d'une mobilisation contre une réforme des retraites en France.

Le gouvernement en mode communication

Sous pression après le succès de la journée d'action organisée du 5, le gouvernement a déployé tout le weekend un dispositif de communication tous azimuts, tout en se disant déterminé à aller jusqu'au bout du projet. Edouard Philippe a ainsi joué du refrain thatchérien selon lequel il n'y aurait pas d'alternative : « si on ne fait pas une réforme profonde, sérieuse, progressive aujourd'hui, quelqu'un d'autre en fera une demain brutale, vraiment brutale », a-t-il affirmé.

Ses ministres ont aussi tenté d'accuser les opposants à la réforme, à commencer par la CGT, quitte à prétendre que la confédération ne défendrait que « ses troupes » (sic). Les ministres de l'Économie Bruno Le Maire et de la Transition écologique Élisabeth Borne ont été jusqu'à accuser dimanche la CGT de refuser le dialogue sur cette réforme. Oubliant que la confédération de Montreuil a participé à toutes les séances de négociations et, comme l'a rappelé Philippe Martinez dans Le Journal du Dimanche, a donc rencontré le Haut-commissaire aux retraites Jean-Paul Delevoye 22 fois depuis décembre 2017.

Sans que ses propositions pour un tout autre projet améliorant le système actuel ne soient à aucun moment reprises. Même chose à nouveau ce 9 décembre à la veille de cette nouvelle journée de grève et de manifestations.

Tant pis pour les plus jeunes ?

Le gouvernement a dans la même veine cherché à diviser les salariés en prétendant que la réforme concernerait prioritairement les agents relevant des régimes spéciaux, lesquels coûteraient trop cher à la collectivité. Et il envisagerait, dans l'espoir de diviser les syndicats, de ne faire débuter l'application de la réforme que pour les seuls nouveaux entrants sur le marché du travail, avec des transitions très progressives. Autrement dit, tant pis pour les plus jeunes.

Parallèlement, la majorité élyséenne a aussi essayé de faire retomber la colère et les inquiétudes qui s'expriment dans toutes les professions et toutes les catégories contre le caractère aléatoire et dangereux d'un système par points, lequel génère en outre le risque de voir se développer des assurances individuelles privées pour ceux qui pourraient se le permettre, sans garantie en cas de crise économique et financière. Les révélations concernant les liens de Jean-Paul Delevoye et le milieu des assurances n'a guère aidé la propagande gouvernementale. Mais la majorité élyséenne  s'est cependant employée à tenter de rassurer.

Édouard Philippe a ainsi cité « les femmes, les agriculteurs, et ceux qui ont des parcours hachés notamment », sans donner aucune précision. De même des enseignants, qui savent que leurs pensions baisseraient drastiquement avec la réforme.

Le gouvernement, qui ne veut toujours pas augmenter le point d'indice à la base des salaires des fonctionnaires a en même temps évoqué une « revalorisation progressive » de leur traitement sans en préciser la nature ni le montant.

Agitation à l'Élysée et Matignon

« Dans des situations comme celle-là, la question de l'unité et de l'alignement de l'exécutif et de la majorité est cruciale », a proclamé Gilles Le Gendre, à la tête des députés LREM. Autrement dit, pas une tête qui dépasse.

Et le gouvernement accélère la cadence. Mardi soir, Emmanuel Macron et Édouard Philippe devaient recevoir les principaux ministres concernés par la réforme et dirigeants de la majorité, pour donner le La avant les annonces du Premier ministre le 11.

Celui-ci s'adressera alors au Conseil économique social et environnemental, comme pour signifier que dans cette période cruciale il a bien compris qu'il ne fallait pas contourner les organisations syndicales et la société civile…

Jusqu'au retrait

Mais la société, précisément, continue de dire non. « Je ne négocierai pas la mise en œuvre de ce que je qualifie (de) monstre, (de) danger pour les retraites de demain », a annoncé le numéro un de Force ouvrière, Yves Veyrier. « Nous tiendrons jusqu'au retrait » de la réforme, dans laquelle « il n'y a rien de bon », a abondé le secrétaire général de la CGT Philippe Martinez.

De fait, la mobilisation se poursuit. Samedi 7, de nouveaux défilés ont vu les manifestants (privés d'emplois, précaires, Gilets jaunes…) converger. Ce 10 décembre, la CGT a dénombré 885 000 manifestants en France i à 17H00, contre 1,5 million le 5, dont quelque 180 000 à Paris.

Depuis le 5, les salariés de plusieurs entreprises, par exemple dans l'agroalimentaire ou à Saint-Gobain, dans sept raffineries sur huit, dans de nombreux secteurs publics au-delà de la SNCF ou de la RATP, ont voté la poursuite de la grève. Même chose dans plusieurs lycées et universités.

À l'hôpital, les internes appellent à la grève illimitée alors que des centaines de services d'urgences sont toujours en lutte. La balle est toujours dans le camp du gouvernement.

Mais les organisations syndicales, qui n'attendent pas grand-chose des annonces du Premier ministre ont déjà appel&é à une nouvelle journée de mobilisations et de grèves le jeudi 12 décembre.