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OMS Synergie toujours en grève

13 janvier 2016 | Mise à jour le 21 février 2017
Par | Photo(s) : Marta Nascimento/REA
OMS Synergie toujours en grève

Une quarantaine d'employés du groupe de nettoyage OMS Synergie continuent leur grève entamée le 21 septembre 2015. 110 jours plus tard, ce sous-traitant de Paris-Habitat et de plusieurs hôtels parisiens reste sourd aux revendications salariales. Les grévistes placent les donneurs d'ordres devant leurs responsabilités.

À l'angle des rues Noisy-le-Sec et Fougères, dans le 20e arrondissement de la capitale, des employés d'OMS Synergie tiennent à tour de rôle le piquet de grève. Dans ce quartier populaire, ils entretiennent habituellement les parties communes des HLM avoisinantes de Paris-Habitat. Regroupés en petit cercle autour d'un brasero, sous une tonnelle de fortune, hommes et femmes se tiennent chaud, mélangeant allègrement le français, le wolof, le malinké.

LE SMIC AU BOUT DE 20 ANS D'ANCIENNETÉ

« Au bout de 20 ans d'ancienneté, certains d'entre nous touchent à peine 1 200 euros net par mois. Nous ne touchons aucune prime d'ancienneté et de salissure – pourtant obligatoire –, nous n'avons pas de treizième mois, nos vêtements de travail nous protègent mal du froid et de la pluie », témoigne Bassirou Tandjigora, responsable syndical CNT.

En grève depuis le 21 septembre dernier, avec le soutien de la CGT hôtels de prestige et économique (CGT HPE) et de la CNT solidarité ouvrière du nettoyage, une quarantaine d'agents d'entretien revendiquent la revalorisation de leurs qualifications ; un treizième mois ; l'avancement de la date de paiement de leurs salaires qui, au mieux, tombe en milieu de mois ; la prise en charge par l'entreprise de l'entretien de leurs vêtements de travail, la subrogation pour maintien de salaire en cas de maladie ou de maternité.

OMS SYNERGIE RESTE INFLEXIBLE

Signe d'un durcissement des relations sociales, la direction reste inflexible. Elle semble miser sur le pourrissement du mouvement et joue une guerre d'usure en justice. Début novembre, elle assignait les grévistes à comparaître pour « violation de la liberté de travail » et « occupation illicite d'un lieu de travail ». Le TGI l'a déboutée de sa demande et nommé une médiatrice pour tenter de trouver une solution.

Le 11 décembre 2015, un protocole d'accord était presque trouvé, dans lequel OMS Synergie proposait modestement 6 euros brut par mois d'augmentation pour les plus bas salaires, avec un passage à la qualification supérieure ; 500 euros d'avance pour les fêtes sur les trois mois de salaires perdus durant la grève. Une semaine plus tard, la direction faisait volte-face.

De leur côté, 24 salariés ont déjà saisi les prud'hommes, notamment pour travail dissimulé. « Plusieurs employés ont, par exemple, un même faux numéro de Sécurité sociale commençant par 1 999… pour les hommes et 2 999… pour les femmes, ce qui les prive d'une couverture santé en cas de maladie », explique Bassirou Tandjigora.

PARIS HABITAT PRIÉ DE BALAYER DEVANT SA PORTE

Dans ce bras de fer qui les oppose à OMS Synergie, les grévistes et leur soutien veulent aussi mettre la pression sur les donneurs d'ordres, à commencer par Paris Habitat. Le bailleur social a sous-traité à la société de nettoyage quatre lots d'immeubles (une centaine de salariés sont ainsi affectés à l'entretien d'un parc de 12 000 logements répartis dans les 13e, 19e et 20e arrondissements).

Le 6 janvier 2016, lors de la présentation des vœux d'Anne Hidalgo aux élus, une dizaine de grévistes ont fait le pied de grue derrière l'hôtel de ville de Paris pour dénoncer l'attentisme de Paris Habitat.
En charge du logement, Ian Brossat (PCF) a déclaré que la mairie de Paris s'engageait à rompre les contrats avec OMS Synergie si l’entreprise « s'entête et ne prend pas ses responsabilités ».

Dans un courrier adressé le 28 décembre 2015 à OMS Synergie, l'office HLM l’informe de sa décision, à titre conservatoire, « de ne pas reconduire un marché sur un lot, à effet du 31 mai 2016. Sauf à ce qu'OMS Synergie justifie d'un climat social plus serein dans les deux mois ». Une réponse partielle, qui ne convainc pas les leaders syndicaux. « Nous souhaiterions que Paris Habitat internalise les salariés d'OMS Synergie officiant sur ses sites, ou au moins qu'il choisisse un prestataire plus respectueux du droit du travail », demande Claude Levy, responsable de la CGT HPE.

LE PALACE PENINSULA INTÈGRE LES AGENTS D'OMS SYNERGIE

Dans le même esprit, en décembre 2015, les grévistes ont aussi manifesté devant deux hôtels de luxe donneurs d'ordres : le Peninsula et le Marriott. « Le Mariott a changé de prestataire et la DRH du Peninsula a appelé les six salariés d'OMS officiant dans l'hôtel pour leur annoncer qu'elle les embauchait directement », se félicite Claude Levy.

Sur le piquet de grève, des voisines viennent gentiment tailler la bavette. Un soutien qui fait chaud au cœur des grévistes qui en ont bien besoin.

 

À relire

La CGT se mobilise pour les « OMS » (article nvo.fr du 22 décembre 2015)

 

À retenir
Mercredi 13 janvier 2016, les grévistes d'OMS Synergie donnent rendez-vous au piquet de grève à 10 heures (à l'angle des rues de Noisy-le-Sec et des Fougères, Paris 20e), ou devant le Hyatt Regency (3, place du général Kœnig, Paris 17e) à 10 h 45 pour une opération surprise.

Caisse de solidarité en ligne pour soutenir les grévistes.

Ceux qui préfèrent envoyer un chèque peuvent l'adresser à :

Caisse de grève CGT-HPE

3, place du général Kœnig

75017 PARIS (mentionner : Soutien grève OMS)

 

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