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TÉLÉCOMMUNICATIONS

Panne des numéros d’urgence : les syndicats dénoncent une « politique industrielle défaillante »

4 juin 2021 | Mise à jour le 11 juin 2021
Par | Photo(s) : Lucas Barioulet / AFP
Panne des numéros d’urgence : les syndicats dénoncent une « politique industrielle défaillante »

Tandis que les enquêtes internes et judiciaires ont débuté pour déterminer l'ampleur des conséquences sanitaires de la panne géante qui a paralysé les numéros d'urgence le 2 juin à partir de 16 h 45, plusieurs syndicats d'Orange ont dénoncé le lendemain la « perte de maîtrise » ou la « fragilisation » des réseaux de l'opérateur téléphonique. Cette panne pourrait avoir entraîné, indirectement, la mort de trois personnes, dont un jeune enfant.

La panne a affecté de manière « partielle, mais significative la réception des appels d'urgence 15/17/18/112 sur l'ensemble du territoire national», a confirmé le ministère de l'Intérieur dans un communiqué, tandis que mercredi soir sur le plateau de TF1, Olivier Véran a pointé un problème de « maintenance ». Le ministre de la Santé a reconnu que la panne avait provoqué jusqu'à 30 % de baisse des appels par rapport à l'accoutumée. Le Samu reçoit normalement un appel toutes les secondes au niveau national.

Des précédentes pannes locales

Pour la CGT des activités postales et de télécommunications (CGT FAPT), « cette indisponibilité majeure fait suite à une recrudescence d'incidents plus localisés, mais de même type. Dans l'Oise, la Haute-Savoie ou à Narbonne ces événements avaient récemment impacté les services d'urgence », explique le syndicat dans un communiqué. « En Bretagne une panne avait également coupé l'accès téléphonique cuivre à une grande partie de la région », ajoute la fédération CGT.

Pour la FAPT, cette panne trouve son origine dans « une politique industrielle défaillante » qui a conduit à « la perte de maîtrise des réseaux », et qui « sera accentuée avec le plan stratégique d'Orange en cours ». La CGT évoque « un sous-investissement chronique dans les réseaux », une « politique de l'emploi mortifère et des pertes de savoir-faire qui rallongent les délais de rétablissement », des « exigences de délais qui suppriment les tests en amont » ainsi que « le transfert massif d'activités vers les constructeurs et vers la sous-traitance offshore qui accentuent toujours plus la perte de maîtrise sur nos infrastructures ».

Dès lors, « l'État a bon dos aujourd'hui de s'offusquer (…) alors qu'en tant que premier actionnaire il a toujours validé les plans d'économie d'Orange depuis 20 ans et encouragé une politique de dividendes forts comme cela est le cas encore en 2021 », s'insurge la CGT.

Fragilité des réseaux

« Cet incident pointe la fragilité des réseaux et en même temps le caractère essentiel des infrastructures télécom qui ne sont pas des produits, mais bien un service à la nation. Le moindre incident peut avoir des conséquences très lourdes, pour autant le téléphone a toujours sauvé des vies ! », a réagi Sébastien Crozier, de la CFE-CGC auprès de l'AFP.

Pierre Vars, de l'Unsa, explique : « On a fait un bond technologique énorme qui s'accompagne d'une grande fiabilité ; pendant la crise (covid) on a installé des (logiciels de contournement) VPN en urgence pour sécuriser le télétravail de millions de salariés, mais aujourd'hui la moindre panne n'est plus acceptée. Le paradoxe c'est que c'est très fiable, très pointu, mais quand il y a une panne, elle peut être très impactante ».

« Un incident prévisible »

« Cet incident était prévisible », a réagi sur France Info le porte-parole de l'Association des médecins urgentistes de France et dirigeant de la CGT Santé et Action sociale, Christophe Prudhomme. L'urgentiste affirme que « l'État n'a pas pris ses responsabilités et n'a pas imposé à ces opérateurs des investissements pour assurer la sécurité des secours de la population. Aujourd'hui, le système téléphonique est piloté par informatique. On sait que l'informatique nous apporte de grands bénéfices, mais que ce sont des systèmes fragiles et qu'il faut absolument, pour des missions qui sont des missions essentielles pour la population, s'assurer d'une sécurisation du système. Et pour cela, il faut des investissements lourds. Mais entre l'État qui nous demande des économies et des opérateurs téléphoniques qui ne pensent qu'à gagner les parts de marché, on ne sécurise pas les numéros essentiels pour la sécurité de la population. Et ça, c'est scandaleux ».

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