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Délinquance patronale

Les Peintec en grève pour toucher leur salaire

29 juin 2017 | Mise à jour le 29 juin 2017
Par | Photo(s) : DR
Les Peintec en grève pour toucher leur salaire

Chez PPB-Peintec Plus, petite entreprise de peinture et nettoyage située à Antony (92), les salariés vivent au rythme d'une paie qui arrive, ou n'arrive pas, de manière aléatoire. Depuis un mois, les salariés excédés ont décidé de se mettre en grève et le patron laisse pourrir la situation.

« Devoir réclamer son salaire à un patron qui le verse au compte-gouttes, ce n'est pas normal et c'est vexant ! » dénoncent unanimement la quinzaine de salariés qui occupent leur entreprise située dans la zone industrielle d'Antony. C'est en effet courant mai que seize salariés de l'entreprise appuyés par leur syndicat CGT décident d'écrire à leur patron Olivier De Mourgues, pour lui adresser un ultimatum. Malgré plusieurs relances, des congés payés datant de 2016, voire pour certains salariés de 2015 n'ont pas été réglés, et pour 2017 c'est l'inconnu. « Nous vous demandons de régler tous ces problèmes avant le 30 mai 2017, sous peine de voir le personnel se manifester en stoppant le travail ». C'est ainsi que la grève a débuté à cette date, sauf qu'à la fin juin non seulement les congés payés ne sont toujours pas régularisés, mais qu'en plus le patron menace de ne pas verser le salaire de mai.

« On ne sait jamais quand on sera payés »

Entre-temps, des salariés qui ont écrit à la Caisse de congés du BTP se sont vus répondre que leur employeur n'avait pas réglé ses cotisations depuis le 9 janvier 2016… Cette irrégularité dans le versement des congés payés se retrouve aussi constamment dans le virement des paies mensuelles : « Sur les fiches de paie, il est toujours indiqué que le virement a lieu le 11 du mois. Dans les faits, on ne sait jamais quand on va être payés. Ça peut être le 18, le 19, parfois c'est payé le 29 du mois. Nous ne sommes jamais avertis et quand on demande pourquoi : on nous dit qu'une fois c'est un problème informatique, une autre fois qu'un client qui n'a pas payé… » s'agacent les salariés du site. Dernière incohérence, au moment où nous les rencontrons, un gréviste avait reçu un virement de salaire, mais aucun autre parmi ses camarades.

Le patron roi des promesses non tenues

Antonio Da Costa, délégué CGT de PPB Peintec, sort un courrier de leur patron datant du 8 juillet 2016 qui stipule : « Nous vous confirmons le maintien de votre salaire pendant votre période de congés payés pour cette année 2016. Nous compenserons dès que la Caisse aura fait le règlement soit au cours de l'automne ». « Mais on n'a jamais demandé ça ! » s'insurge Antonio. Qui plus est, la compensation conditionnée au versement de la Caisse de congés payés risque de ne jamais arriver puisque l'entreprise ne lui verse plus ses cotisations ! Et les salariés de recevoir des virements de salaires mensuels pour les uns de 200 euros, pour les autres de 1000 euros sans que personne n'ait d'explication claire. « Comment peut-on vivre dans ces conditions ? » interroge Antonio.

En date du 8 juin 2017, Olivier de Mourgues accepte de rencontrer Francis Antoine dirigeant de l'Union régionale Bois Construction CGT et José Balboa, SG du syndicat CGT de la construction de Paris, sous l'égide de la FFB Grand Paris (syndicat patronal). Le patron de PPB-Peintec-Plus s'engage à régulariser sa cotisation pour les congés payés 2016 et à solliciter un crédit à sa banque pour payer les congés 2017 dès la semaine suivante. Mais trois semaines plus tard, les salariés attendent toujours pendant que leur PDG fait appel à des intérimaires sur ses différents chantiers.

Parmi les actions menées par les grévistes, une visite du chantier de nettoyage de l'hôpital Tenon à Paris met à jour les conditions de travail des intérimaires. Après un échange avec syndicat CGT de l'hôpital, le CHSCT intervient en constatant que les intérimaires manipulent des encombrants en béton, très lourds, sans engins de levage ni équipement adapté. Le chantier est ainsi mis à l'arrêt.

Du pourrissement à l'impasse

Soutien Il est possible d'adresser des chèques de soutien aux grévistes :

URCBA CGT Île-de-France
3 rue du Château d'eau
75010 Paris

Au bout d'un mois, la quinzaine de salariés en action commence à fatiguer. La FFB elle-même constate que M. de Mourges a « cocufié » sa parole. L'inspection du travail, qui a été saisie, indique au syndicat qu'une procédure de liquidation judiciaire pourrait être engagée. Il existe pourtant d'éventuelles possibilités de relance, notamment par la vente du siège social vide de l'entreprise situé à Fresnes. Mais là encore, Olivier de Mourgues, ne semble pas pressé d'agir. « Je lui ai demandé pourquoi il ne le vendait pas. Et il m'a répondu : “vous n'avez qu'à trouver un acheteur vous-mêmes”, s'étonne encore Antonio. Décidément, ce patron de droit divin fait preuve d'une totale irresponsabilité. En attendant, les grévistes doivent survivre sans leur paie. Heureusement, quelques syndicats comme celui des retraités de Renault Billancourt, des territoriaux du 92 et de l'UD CGT les soutiennent moralement et matériellement.