1500 postes d’internes en moins à la rentrée
Les hôpitaux publics vont devoir tourner avec moins d’étudiants en médecine, devenus des rouages essentiels d’un système de soins à bout de souffle. Le gouvernement... Lire la suite
« L'idée de ce plan, c'est de redonner de l'oxygène » aux soignants, qui « n'en peuvent plus » et le gouvernement est « prêt à y consacrer des moyens considérables », a affirmé Édouard Philippe lors d'une conférence de presse.
Le Premier ministre s'est ainsi engagé à « débloquer dans les prochains jours » les 400 millions d'euros de crédits gelés en début d'année, mais aussi à augmenter le budget des établissements de santé de 1,5 milliard d'euros sur trois ans « en plus de la trajectoire budgétaire prévue ».
Une première rallonge de « 300 millions dès 2020 » sera « votée dès la semaine prochaine » à l'Assemblée nationale, a-t-il indiqué. Des hausses de 500 puis 700 millions suivront en 2021 et 2022, a par la suite précisé Bercy.
S'y ajouteront « 150 millions par an » pris sur le budget du ministère de la Santé pour le « soutien à l'investissement courant » (achat de petit matériel, rénovation légère), a ajouté M. Philippe.
Les hôpitaux bénéficieront par ailleurs d'un « programme massif de reprise de dettes de 10 milliards d'euros sur trois ans », via « une loi (qui) sera présentée au premier semestre 2020 ». Ce « geste fort » doit permettre aux hôpitaux « de réduire leur déficit et de retrouver rapidement les moyens d'investir », selon le Premier ministre.
Cela ne se fera toutefois pas sans contreparties : « Il y aura des accords pour que cette reprise s'accompagne de transformations », a prévenu Bercy.
Pour les personnels soignants, cette manne se traduira par davantage de primes, en particulier en début de carrière, et pour les aide-soignants.
Une indemnité spécifique de 800 euros net par an sera également attribuée « de façon pérenne » aux quelque 40 000 infirmiers et aide-soignants de la région parisienne gagnant « moins de 1 900 euros mensuels », pour faire face notamment à des « coûts de logement très élevés ».
Des mesures ciblées, censées « répondre aux problèmes d'attractivité de l'hôpital », a expliqué Agnès Buzyn, qui entend aussi « renforcer la place du médecin » dans la gouvernance des établissements.
La ministre de la Santé a en revanche promis de « mettre fin au mercenariat » de l'intérim médical, avec « des campagnes de contrôle dans les prochaines semaines » pour faire respecter les tarifs plafonds instaurés en 2018.
Ce plan massif doit répondre à une crise « encore plus grave que celle que nous avions analysée », avait reconnu Emmanuel Macron jeudi dernier, alors que plusieurs milliers de personnels hospitaliers défilaient partout en France et qu'un quart des médecins hospitaliers et plus d'un paramédical sur dix étaient en grève.
De précédentes annonces d'Agnès Buzyn en juin puis en septembre, chiffrées à 750 millions d'euros sur trois ans, n'avaient pas suffi à contenir cette fronde partie en mars de services d'urgences parisiens avant de s'étendre à tout le pays.
La réaction de la CGT Dans un communiqué, la confédération et la Fédération CGT de la Santé saluent « un premier recul du gouvernement », mais estiment que ces avancées ne sont pas de nature à « calmer la colère des professionnels ».
La CGT demande une augmentation de 5 % du budget des hôpitaux, une hausse de salaire de 300 euros pour tous et une revalorisation du point d'indice.
Ce nouveau plan n'a pas davantage convaincu les principaux intéressés. « Il n'y a pas de réponse aux revendications qu'on porte depuis neuf mois, rien en termes d'effectifs et d'ouvertures de lits d'hospitalisation », a déploré Orianne Plumet, infirmière et membre du collectif Inter-Urgences.
« On nous avait annoncé un effort massif, c'est la déception qui est massive », a réagi Antoine Pelissolo, psychiatre et membre du collectif Inter-Hôpitaux.
Ces collectifs et l'ensemble des syndicats de la fonction publique hospitalière, dont la CGT, FO et la CFDT, estiment dans un communiqué commun que le gouvernement « ne répond pas à la gravité de la situation » et fixent deux nouvelles dates de mobilisation : le samedi 30 novembre pour des « actions de sensibilisation » et surtout le mardi 17 décembre pour une « journée nationale de grève et de manifestations ».
Même déconvenue chez les syndicats de praticiens hospitaliers, d'internes et de jeunes médecins pour qui « la montagne a accouché d'une souris » et qui menacent d'« une nouvelle mobilisation dans les jours à venir ».
Face à ce front uni, les soutiens de l'exécutif se font rares. Seule la fédération des établissements publics (FHF) s'est félicitée que son « appel (ait) été entendu » et considère que cette « bouée de sauvetage » va « permettre à l'hôpital public de sortir la tête de l'eau ».
Les collectifs Inter-Urgences et Inter-Hôpitaux associés aux syndicats CGT, FO, CFDT, CFTC, CFE-CGC, SUD, Unsa, aux syndicats de praticiens hospitaliers et d'urgentistes (Amuf) : « Le Premier ministre ne répond pas à la gravité de la situation (…) Nous exigeons de véritables négociations et d'être reçus par le président de la République et le Premier ministre (…) Nous poursuivons la mobilisation ».
Les syndicats de praticiens hospitaliers, d'internes (Isni) et de jeunes médecins : « La montagne a accouché d'une souris ! Les hôpitaux vont continuer à se serrer la ceinture. (…) Aucune revalorisation salariale n'est proposée. Ce n'est pas cela qui permettra d'attirer les jeunes praticiens ».
Les hôpitaux publics vont devoir tourner avec moins d’étudiants en médecine, devenus des rouages essentiels d’un système de soins à bout de souffle. Le gouvernement... Lire la suite
En déplacement au CHU de Nantes début août, le ministre de la santé et de la prévention François Braun déclarait qu’il n’y avait pas de fermetures de services... Lire la suite