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AGROALIMENTAIRE

Pour changer de modèle d’agriculture

10 mars 2018 | Mise à jour le 11 mars 2018
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Pour changer de modèle d’agriculture

Avant, pendant ou après le Salon de l'Agriculture, le modèle agricole est en crise. Agriculteurs et salariés agricoles en souffrance, consommateurs inquiets des crises alimentaires… Repenser autrement la production agricole mais aussi lutter contre la course au profit de l'agroalimentaire… La Confédération paysanne ou la FNAF-CGT ouvrent une voie, loin des sillons de la puissance FNSEA.

Il fallait oser le faire. Il l'a fait et ce n'est pas passé inaperçu ! En visite au Salon de l’Agriculture la semaine passée, Emmanuel Macron a tenté de justifier la réforme du statut des cheminots en s’appuyant sur les difficultés que rencontre le monde agricole.

Inepte pour Laurent Pinatel, porte-parole national de la Confédération paysanne. « S'il y a un statut qui n’est pas acceptable, explique le militant, c’est le notre. Il ne faut surtout pas aligner les autres sur nous. C'est nous qu'il faut remonter au niveau des autres. »

La Confédération paysanne a donc profité du Salon international de l’agriculture, à Paris, pour appeler le gouvernement et l’Union européenne à reformer la PAC, la Politique agricole commune européenne. À l’heure actuelle, les subventions européennes sont versées en fonction du nombre d’hectares cultivés. Une véritable « prime à la taille » que dénonce le syndicat pour qui agriculture de qualité rime avec petites exploitations. Pour éviter le développement du modèle productiviste, comme dans « la ferme usine des mille vaches », Laurent Pinatel réclame que soient « accentuées les primes de la PAC sur les premiers hectares. »

Car c’est tout un modèle d’agriculture qui découle de ce système. Cette prime à la taille favorise les grosses exploitations agricoles tournées vers le profit, et non vers une agriculture de qualité. « Il y a des fortunes monstrueuses qui se sont faites dans l’agroalimentaire sur le dos des paysans — en abaissant le prix des matières agricoles — sur le dos des consommateurs, parce qu’en parallèle, au bout de la chaîne, on a augmenté (les prix), explique Laurent Pinatel, et la troisième variable d’ajustement, c’est le salarié de l’entreprise ».

Changer de modèle

Les états généraux de l’alimentation organisés par le gouvernement en 2017 entre les producteurs et les différents intermédiaires de la filière se sont soldés par l’annonce d’un futur « projet de loi au début de cette année pour garantir des conditions de marché justes, efficaces, saines. » Mais ces annonces laissent la CGT perplexe. Se pose alors « la question du partage de la valeur dont les salariés et les consommateurs sont totalement exclus, regrette Diane Grandchamps, secrétaire fédérale de la FNAF-CGT, au final, ce sont eux qui vont payer la facture. »

Avec un suicide tous les deux jours chez les agriculteurs, des salariés contraints à des cadences insupportables, au détriment de la qualité et de la sécurité sanitaire, et des clients prêts à en venir aux mains pour bénéficier d’une promotion sur le Nutella, le contexte agricole ne met plus en appétit.  Et ce, d'autant plus que les alternatives pour une alimentation plus saine ne sont pas accessibles à tous. « Est-ce qu’on doit se satisfaire de cette agriculture à deux vitesses, qui nourrit une population à deux vitesses ? » s’interroge Laurent Pinatel, comparant une agriculture biologique pour les populations aisées, et une agriculture de moindre qualité pour les plus modestes.

Mêmes interrogations chez Diane Grandchamps, qui souligne néanmoins que « ce n’est pas la production industrielle qui crée la mauvaise qualité des produits, c’est la recherche du profit maximal. » Selon elle, cette course en avant pousse les industriels à se tourner vers des matières premières de moindre qualité, et à rogner sur les conditions de travail de ses salariés. « Derrière, c’est la casse des emplois, et la casse des contrôles sanitaires publics » observe-t-elle, dénonçant le recours de plus en plus fréquent au « lean management » et aux « auto-contrôles » dans les usines de transformation mais aussi dans les exploitations agricoles. La syndicaliste en veut pour preuve les récents scandales autour du lait infantile Lactalys ou des œufs contaminés au Fipronil.