2 décembre 2019 | Mise à jour le 2 décembre 2019
Subissant à la fois une réforme de l'audiovisuel inquiétante et un « plan stratégique » de leur direction synonyme de départs annoncés, les salariés de Radio France se mobilisent. CGT, CFDT, SNJ et SUD ont appelé à la grève à partir du 25 novembre.
« La dotation de l'État, ce que l'on appelle la contribution à l'audiovisuel public, baisse de 20 millions d'euros. Et Sibyle Veil [présidente de Radio France] présente en plus un “plan stratégique” qui demande que l'on investisse 20 millions dans le numérique et que l'on fasse en plus 20 millions d'économies. » Soit 60 millions d'euros à trouver (9% du budget) avec, à la clé, « 299 suppressions d'emplois » sur un peu plus de 4700 salariés, explique Lionel Thomson, secrétaire général du SNJ-CGT Radio France…
Des postes supprimés
Disparition des « Fipettes » (comme son surnommées les voix féminines de Fip) des antennes locales de Nantes, Bordeaux ou Strasbourg, fermetures des bureaux de Toulouse ou Marseille, fin des flashes d'informations ou des points route, coupes sombres dans les volume de « productions élaborées », les fictions et documentaires radiophoniques, suppressions drastiques de postes administratifs, de documentalistes ou réduction du nombre des chanteurs du chœur symphonique de Radio France, le seul du pays…
C'est l'organisation et les conditions du travail de tous qui sont, vont être affectées. « Les équipes sont déjà à flux tendu et l'on a un niveau de risques psychosociaux, d'arrêts du travail, de burn-out tels que cela fait déjà plusieurs années que l'on alerte la direction », s'inquiète Lionel, tout aussi perplexe sur ce qui sera transmis sur les ondes ou l'Internet. « En coupant dans la production de ce qui est notre cœur de métier, la radio, cela va mettre en danger la qualité de notre contenu. »
Des menaces sur l’organisation du travail
Menace d'autant plus sérieuse que l'un des objectifs du projet de loi sur la réforme de l'audiovisuel dont l'examen débutera, officiellement, en janvier prochain devant l'Assemblée national, n'augure rien de bon.
« L'idée, c'est de créer une holding appelée France Médias regroupant les entreprises de l'audiovisuel public, Radio France, France Télévisions, France Média Monde [France 24 et RFI, ndlr] et l'INA », explique Lionel.
« Et c'est le PDG de cette holding qui répartira le budget entre les différentes sociétés. (…) Nos craintes sont que notre budget soit carrément siphonné pour alimenter la télévision et le numérique -parce que leur grande obsession est de développer des plateformes pour concurrencer les grandes plateformes de contenus américaines comme Netflix- et de nous retrouver dans une grande rédaction unique qui fournirait télévision, radio et Internet. Ce qui représenterait un appauvrissement terrible. »
Après une première mobilisation le 18 juin denier, et face au manque de réponse de leur direction, les salariés de Radio France étaient à nouveau en grève en novembre à l'appel de leurs syndicats. « Le combat n'est pas facile et l'on entre dans une période conflictuelle qui va durer », prévient Lionel Thompson.