À venir
Votre identifiant correspond à l'email que vous avez renseigné lors de l'abonnement. Vous avez besoin d'aide ? Contactez-nous au 01.49.88.68.50 ou par email en cliquant ici.
HAUT
CHÔMAGE

Réforme de l’assurance chômage : la bombe inhumaine

13 février 2020 | Mise à jour le 17 février 2020
Par | Photo(s) : Bapoushoo
Réforme de l’assurance chômage : la bombe inhumaine

Manifestation de la CGT Pôle Emploi et la CGT des Précaires et Privés d’emplois, contre les offres d'emploi bidons, à Noisy-le-Grand, le 11 février 2020

Entrée partiellement en vigueur le 1er novembre, la mise en œuvre de la réforme de l'assurance chômage sera achevée le 1er avril. Avec des conséquences catastrophiques pour les demandeurs d'emploi que le collectif chômeurs de la CGT continue de dénoncer. Le 11 février, à Noisy-le-Grand, des manifestants ont envahi les locaux de la direction régionale d'Île-de-France.

« On est là, on est là, même si Pénicaud veut pas, nous on est là, pour que notre service public, soit pas une machine à fric, même si Pénicaud veut pas, nous on est là ». Entonné sous les fenêtres de la direction territoriale du Pôle Emploi d'Île-de-France, à Noisy-le-Grand (Seine-Saint-Denis), le chant des « Privés d'emploi et précaires » de la CGT aura fait mouche.

Du moins, auprès de certains collègues, agents de Pôle Emploi qui, ce mardi 11 février, étaient réunis en CSE à la DTE et qui, perturbés par cette invasion sonore, ont reporté la réunion. « Clamer nos revendications leur a donné l'opportunité de se solidariser avec nous », assure Pierre Garnodier, secrétaire général du collectif « privés d'emploi et précaires » de la CGT.

Au 1er avril, de nouvelles règles de calcul de l'indemnité

Cet appel à la solidarité des agents de Pôle Emploi envers les chômeurs de toutes catégories visait à dénoncer une réforme passée sous silence, mais dont les conséquences menacent de faire grand bruit, à terme. Notamment à compter du 1er avril, lorsqu'entrera en vigueur la seconde vague de la réforme qui actera la redéfinition des règles de calcul de l'indemnisation chômage et cela, au grand détriment du chômeur. « On va assister à une baisse de 30 % à 50 % de l'indemnisation », prévient Pierre Garnodier.

La CGT des privés d'emplois dénonce les annonces illégales de Pôle Emploi

Après la révélation du scandale des fausses annonces qui produisent de vraies radiations, la CGT a poursuivi ses investigations sur l'origine et la finalité des offres d'emploi bidon. Les résultats de l'enquête sont édifiants : 47 % des offres publiées sur le site du service public officiel de l'emploi sont illégales, fausses ou mensongères. Elles émanent presque toutes (96 %) de partenaires attitrés de Pôle Emploi, qui ne sont autres que des plateformes privées spécialistes — ou se revendiquant telles — de l'annonce sur Internet.

Problème, et non des moindres : la fausse annonce, qui ne correspond à aucun emploi réel et à laquelle il est donc impossible de postuler, est malgré tout classifiée ORE (offre raisonnable d'emploi) par Pôle Emploi. En cas de non-réponse à trois des ces fausses-offres, le chômeur risque au mieux la suspension de ses droits à l'indemnisation, au pire, la radiation.

Un business de la rémunération au clic

Sachant que ce business d'annonces permet à ces opérateurs privés de constituer des bases de données de profils de demandeurs d'emploi qui sont ensuite revendues à prix d'or au plus offrant. Il s'agit souvent de start-up désireuses de se hisser au rang de leader de l'annonce sur Internet. Accessoirement, la publication d'une annonce fausse ou réelle leur permet de générer une rémunération au clic qui varie à la hausse comme à la baisse en fonction du taux de fréquentation du site éditeur des annonces. Bref, nous voici face à un business florissant, mais qui prospère sur l'indigence des derniers de cordée, autrement dit, au détriment des plus précaires.

En vertu de quoi, les chômeurs sont de plus en plus facilement radiés des listes de Pôle Emploi. Ce qui permet d'expliquer, en partie, la baisse tendancielle et officielle du taux de chômage en France.

Manifestation des privés d'emploi du 7 décembre : pour stopper la politique anti-chômeurs !

Le calcul de l'indemnité chômage, confié à un algorithme

Prétextant enrayer ce fléau du chômage de masse, le gouvernement s'apprête à dégainer la deuxième étape de sa réforme consistant à transférer à un algorithme le calcul de l'indemnité du chômeur qui était jusqu'ici assurée par des agents. Avec quelle précision, quelle probité ? Telles sont les craintes du comité CGT qui, instruit des dégâts causés par l'automatisation du contrôle des offres d'emploi, anticipe une catastrophe imminente dans le calcul de l'indemnisation.

En manifestant devant l'agence de Noisy-le-Grand, puis devant la direction territoriale de Pôle Emploi, le collectif CGT a réaffirmé sa détermination à combattre cette réforme génératrice aujourd'hui de fausses annonces et demain, de suspensions et de réductions de droits à indemnités pour des millions de personnes en détresse économique et sociale.

Combattre le chômage et non le chômeur

« Comme pour la réforme des retraites, celle de l'assurance chômage nous confronte à un changement de notre modèle social où le demandeur d'emploi est tenu pour responsable et coupable de sa situation de chômage » a souligné Pierre Garnodier en dénonçant une politique d'élimination du chômeur, plutôt que d'éradication du chômage.