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Réforme des retraites

L'égalité salariale au secours du déficit des retraites

16 février 2023 | Mise à jour le 23 février 2023
Par | Photo(s) : Bapoushoo
L'égalité salariale au secours du déficit des retraites

Ce mercredi 15 février devant l’Assemblée Nationale, l’UGICT- CGT, l’UD de Paris et le collectif NousToutes ont organisé une remise de chèque symbolisant les recettes que ferait entrer l’égalité salariale dans les caisses de retraite. Une façon de mettre en lumière les conséquences désastreuses de la réforme des retraites sur les femmes et de revendiquer l’égalité salariale.

Une table de négociation, à deux pas de l’Assemblée Nationale. Quatre femmes en bleu de travail font face au patron des patrons, cigare à la main et haut-de-forme vissé sur la tête. « Très cher patron des patrons, j’ai regardé les chiffres : les femmes ont une pension de retraite inférieure de 40% à celle des hommes, 60% pour les femmes cadres. Tout ça car nous sommes moins payées !  Alors nous avons une revendication : on exige l’égalité salariale ! » Acclamations du public. « Vous mélangez tout, comme d’habitude, répond Geoffroy Roux de Bézieux. Il n’y a pas d’inégalité salariale, nous avons une excellente note à l’index sur l’égalité salariale ! » Une autre femme embraye : « J’ai eu trois enfants, et je l’ai payé cher : placardisation, temps partiel subi, et avec cette réforme des retraites, on nous vole notre majoration pour enfants ! » « C’est votre choix de faire des enfants, à vous de l’assumer, je ne vous ai pas forcé à passer à temps partiel ! » répond le patron des patrons, sous les huées du public. Au terme d’une négociation musclée et à grand renfort de chansons et d’interpellations du public de militantes de féministes chauffées à bloc, la patron finit par céder et passe à la caisse. Un chèque de 5,5 milliards d’euros, soit « le montant de l’égalité salariale » est signé à l’ordre de la Caisse nationale d’assurance vieillesse, « le plus tôt possible! »

Surcroit de recettes

Le happening est organisé par l’UGICT- CGT, l’UD de Paris et le collectif Nous Toutes. Le chiffre de 5,5 milliards, versé par le patron des patrons, provient des données de la CNAV qui a mesuré ce que l’égalité salariale ferait entrer comme cotisations supplémentaires dans les caisses des retraites. « L’égalité salariale se traduirait par un surcroît de recettes de 13 milliards d'euros en 2030, puis de 5,5 milliards en 2050 une fois déduite l'augmentation des pensions des femmes de 20%, explique Sophie Binet, dirigeante confédérale de la CGT. Il s’agit d’un chiffre a minima qui ne prend pas en compte les retraites versées par l’AGIRC-ARRCO, ni celles de la fonction publique et des régimes spéciaux, car si on prend l’ensemble des salariés, le bénéfice pour les caisses des retraites encore beaucoup plus élevé ! » Quel que soit le calcul utilisé, l’égalité salariale permettrait de résoudre le déficit de 12 milliards invoqué par le gouvernement pour justifier sa réforme des retraites, rappelle Sophie Binet. Une politique d’égalité salariale et professionnelle digne de ce nom supposerait par ailleurs, pour la dirigeante confédérale de « sanctionner les entreprises qui ne respectent pas l’égalité, revaloriser les métiers féminisés, mettre fin au temps partiel subi pour les femmes et créer un grand service public de la petite enfance et de la dépendance. »

Un salaire inférieur de 22 % pour les femmes

Au micro, les interventions se succèdent. S’appuyant sur les données avancées par l’économiste Mickaël Zemmour, l’économiste Rachel Silvera rappelle que « 60% des efforts demandés dans le cadre de la réforme des retraites seront portés par les femmes, car ces dernières vont être amenées à travailler plus longtemps. » En effet, selon l’étude d’impact du gouvernement, la réforme va contraindre les femmes à travailler huit mois supplémentaires en moyenne contre quatre mois en moyenne pour les hommes. L’économiste alerte du fait que les femmes vont perdre le bénéfice de la validation de trimestre pour enfants et que la réforme augmente la durée du sas de précarité des seniors ni en emploi ni en retraite. Enfin, Sophie Barre, membre de l’organisation nationale du collectif NousToutes rappelle que les violences sexistes et sexuelles touchent toutes les femmes. « Comment sortir des violences lorsque l’on subit de la précarité financière, interroge la militante féministe. Revendiquer l’égalité salariale, c’est revendiquer la possibilité de reprendre sa vie en main lorsque vous êtes victime de violences ! » Actuellement, les femmes touchent un salaire inférieur de  22% à celui des hommes et elles sont 30% à occuper des temps partiels.

Sortis de l’hémicycle pour l’occasion, les élues Sandrine Rousseau (EELV) et Marie-Charlotte Garin (LFI), Sophie Talié-Polian (Génération.s), Arthur Delaporte (PS) ont apporté leur soutien aux militantes et sont tous repartis avec un chèque du patron des patrons. Le rendez-vous est donné le 8 mars pour poursuivre la mobilisation dans la rue contre la réforme des retraites et pour mettre la question de l’égalité salariale sur le devant de la scène.