26 mars 2019 | Mise à jour le 27 mars 2019
La CGT Renault a plaidé le 26 mars 2019 la nécessité d’un autre plan stratégique pour Renault et la filière auto. Face à l'absence de perspectives de production dans plusieurs usines, elle demande à réinterroger le plan stratégique 2017 – 2022 et à redessiner le contenu de l'alliance avec Nissan.
Pouvoir monarchique, opacité des rémunérations des dirigeants, mais surtout cécité de ces derniers sur les situations vécues par les salariés du groupe soumis aux différents plans de compétitivité, aux objectifs inatteignables, à l'absence de perspectives de production dans plusieurs usines ou encore à la crainte de disparaître l'ingénierie de Renault étaient au cœur de la conférence de presse que tenait la coordination CGT Renault le mardi 23 mars à Boulogne-Billancourt (92).
Nissan cannibalise Renault
L'une des plus grandes interrogations que portent les syndicalistes est la cannibalisation de l'ingénierie de Renault par Nissan au nom de la « suppression des doublons ». « Nous ne sommes pas contre des complémentarités, mais nous constatons que Nissan bénéficie de tous les arbitrages dans ce domaine, or l'ingénierie c'est la capacité d'innovation de Renault et c'est dramatique » dénonce Fabien Gâche délégué syndical central CGT de Renault.
Au moment de son achat par Renault en 2004, Nissan était sensé internationaliser les ventes « or on a perdu le quart des ventes Renault, ce qui donne l'illusion de ne pas baisser ce sont les Dacia, Lada et Samsung mais pas les véhicules Renault…» explique le syndicaliste.
Une absence de perspectives
Les délocalisations se poursuivent, les Clio 4 et prochainement Clio 5 sont, ou seront, bientôt toutes produites en Turquie et Slovénie. Sur le plan industriel, rien n'est connu pour les successeurs des véhicules Espace, Talisman et Scenic aujourd'hui produits à Flins et Douai.
Les orientations de la direction visent à réduire les temps de conception des nouveaux véhicules. Une idée que ne partagent pas du tout les syndicalistes qui y voient un risque pris sur la qualité et préconisent au contraire de réinvestir dans la R&D, sachant que du retard a été pris dans de nombreux domaines, notamment les motorisations hybrides ou les recherches pour un moteur diesel plus propre.
Réinterroger le plan stratégique
Les années Ghosn, se sont traduites par des délocalisations massives, le départ de 11 000 salariés depuis 2013, et une explosion de la précarité et des effectifs d’intérimaires. La CGT exige de revoir le plan stratégique 2017-2022 de la direction qui s'inscrit dans la même logique axée sur le seul critère de la profitabilité à court terme et réclame « un nouveau plan stratégique industriel pour Renault et la filière automobile. »
« Il faut une nouvelle discussion entre les organisations syndicales, l'État et les dirigeants de l'entreprise » plaide Fabien Gâche. Pour cela, la CGT leur a adressé un courrier, et un tract en direction de l'ensemble des salariés du groupe est en cours de diffusion afin qu'ils s'emparent de ces questions vitales pour leur avenir.
Un site internet est aussi mis à disposition sur cgt-Renault.com.
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