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Coronavirus

Renault Sandouville : la justice donne raison à la CGT, la santé et la vie ne se négocient pas

13 mai 2020 | Mise à jour le 19 mai 2020
Par | Photo(s) : Juliette Avice/AFP
Renault Sandouville : la justice donne raison à la CGT, la santé et la vie ne se négocient pas

Site de Renault de Sandouville

La justice a donné raison à la CGT de Renault Sandouville. Les sorties médiatiques de Laurent Berger et de quelques autres syndicalistes sont d'une inconséquence coupable. Cette décision, loin d'être basée sur une simple question de procédure ou de forme, porte bien sur des questions de fond.

« La posture de la CGT est irresponsable et infondée », fustige Laurent Berger, secrétaire général de la CFDT. « 700 intérimaires vont être renvoyés chez eux. Ce n'est pas un service rendu aux travailleurs », abonde FO Métallurgie. « La fermeture provisoire risque de faire perdre des clients », ajoutent certains syndicalistes de la CFE-CGC.

Depuis la décision du tribunal judiciaire du Havre du 7 mai 2020, c'est un déferlement idéologique d'une rare brutalité à laquelle on assiste de la part de certains syndicats de salariés qui, pour le coup, convergent avec le patronat pour s'en prendre à la CGT… plutôt que contre ceux qui mettent en danger la vie des salariés, et singulièrement celle des intérimaires. Lesquels, par leur statut précaire, font partie des salariés les plus exposés et les moins outillés syndicalement pour imposer des mesures de protection.

Rappelons simplement que le Covid-19 est une maladie qui tue, et que des morts du coronavirus, il y en a même chez Renault, même en Seine-Maritime, comme nous le soulignions récemment. Par ailleurs, la CGT ne réclamait pas la fermeture de l'usine, mais simplement la mise en place de mesures de protection.

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« La vie n'est pas une marchandise »

Fabien Gâche, délégué central CGT Renault n'en revient pas de l'attitude et de l'argumentaire employé par les syndicalistes précités : « Comment peut-on traiter d'irresponsable une organisation qui sollicite un juge pour lui demander de dire le droit ? Dans une affaire comme celle-là, c'est tout de même le b-a-ba du syndicalisme. Comment un syndicat peut-il dire qu'on va perdre des clients si on ne produit pas ? Si demander à un juge de suspendre provisoirement la production fait prendre le risque de perdre des clients, dans ce cas il faut supprimer le droit d'intervention des syndicats auprès de la justice, supprimer le droit de grève des salariés, et même supprimer les tribunaux. »

Et le leader syndical d'enfoncer le clou sur les leçons de syndicalisme que certains osent prétendre donner à la CGT : « D'aucuns expliquent qu'on peut bien sacrifier quelques vies pour éviter de mettre beaucoup de gens au chômage. Doit-on admettre que les directions puissent se soustraire à la loi et aux accords d'entreprise au nom de considérations exclusivement économiques ? Force est de constater que ce sont des représentants d'organisations syndicales qui se sont faits les porte-paroles des thèses néolibérales pour qui la vie n'est que marchandise. Ils ont oublié leur propre raison d'être et se sont placés comme des partenaires d'une logique mortifère pour les droits sociaux et le droit à la vie en général. »

Une décision de fond

C'est en effet un curieux paradoxe que de voir les partisans les plus fervents du dialogue social – ceux-là mêmes qui sont habituellement si prompts à dénoncer les recours abusifs à la grève ou à toute autre forme de rapport de force – s'en prendre à la CGT pour avoir eu recours à la justice.

Et de reprocher à cette même justice de lui donner raison. « Le tribunal donne raison à la CGT quasiment sur toute la ligne. Il relève que les procédures n'ont pas été respectées, que l'évaluation des risques a été très insuffisante et que cela ne permet pas de garantir la santé et la sécurité des salariés. Par conséquent, la justice a suspendu provisoirement l'usine jusqu'à ce que la direction mette en place ce qu'elle aurait dû. En quoi est-ce irresponsable ? » interroge encore Fabien Gâche.

L'autre aspect paradoxal de cette attitude est le fond même du jugement. Laurent Berger pousse des cris d'orfraie sur un prétendu déni de dialogue social alors que, précisément, le tribunal du Havre appuie son argumentaire en particulier sur le fait que Renault Sandouville ne respecte pas l'accord qu'elle a elle-même signé.

« Ce jugement les met en contradiction avec leurs orientations. Ils sont pris la main dans le pot de confiture », relève Laurent Milet, responsable du service juridique de la NVO, qui publiera très prochainement une analyse détaillée du jugement Renault Sandouville sur NVO Droits.

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