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HUMEUR

Rubicon et bonnet d’âne

18 avril 2016 | Mise à jour le 15 février 2017
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Rubicon et bonnet d’âne

Les veilles de congrès de la CGT, certains éditorialistes s'emballent. Pour Le Figaro, par exemple, dont les plumes semblent bien loin – ces dernières semaines en particulier – des salariés comme de la rue, la confédération ne serait plus qu'une «forteresse assiégée», cherchant «un cap» sur «fond d'effritement de ses positions dans ses bastions historiques».
Rien-là finalement que de très habituel dans les colonnes de ce quotidien.

Franz-Olivier Gisbert, lui, va plus loin dans Le Point. Et franchit le Rubicon. Titrant son éditorial « La CGT et le FN, c'est blanc bonnet et bonnet blanc », il poursuit : « Tous les deux, et d'autres, ont comme objectif commun de garder et d'entretenir les chômeurs et les travailleurs précaires qui sont leur “fonds de commerce” ». On laissera aux salariés privés d'emploi et aux travailleurs précaires le soin d'apprécier d'être traités de fonds de commerce. On laissera aussi le patronat savourer des mots le dédouanant a priori des conséquences de sa politique.

Mais, en comparant CGT et FN, comme il l'a refait à nouveau dans le débriefing de l'émission Dialogues citoyens, l'éditorialiste semble hésiter entre la galéjade grossière et la fumisterie sinistre.

Car Franz-Olivier Gisbert n'ignore évidemment pas le combat, historique, de la CGT contre l'extrême droite, ses thèses, son programme, ses pratiques, tant il est « de la responsabilité du syndicalisme de mettre les salariés en garde contre l'imposture sociale du FN et de combattre la stratégie de ceux qui cultivent le rejet de l'autre et la division des salariés, pour mieux cacher leur incapacité à tracer des perspectives d'avenir et de justice sociale ».

La solidarité est inscrite dans les gènes du syndicalisme, comme l'exclusion, la division, l'incitation à la peur de l'autre et à la haine sont dans les gènes de toutes les extrêmes droites.

L'incompatibilité est fondamentale. Et le combat frontal et essentiel. En fait, l'un des enjeux de Franz-Olivier Gisbert est aussi de tenter de faire croire qu'il s'agirait d'accepter l'Europe telle qu'elle est ou bien de la rejeter totalement, en bloc. Comme si la CGT, notamment, avec ses partenaires européens, ne se mobilisait pas pour une autre Europe. Sociale, et solidaire.

Décidément, à l'heure où les extrêmes droites tentent de faire leur nid dans tous les pays européens, l'arrogance de telles comparaisons frise, au mieux, avec l'irresponsabilité. Et semble bien mériter pour le moins le bonnet d'âne.