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Industrie pharmaceutique

Sanofi casse sa recherche et développement

24 juin 2019 | Mise à jour le 24 juin 2019
Par | Photo(s) : PHILIPPE DESMAZES / AFP
Sanofi casse sa recherche et développement

Encore un nouveau plan de restructuration chez Sanofi. Cette fois-ci, c'est la recherche et le développement qui sont visés. Une stratégie qui pourrait signifier une perte de savoir-faire et de compétences plus qu'inquiétante en terme de santé publique.

« On ne peut quand même pas laisser cette industrie être anéantie comme ça. Ce n'est pas possible ! », dénonce Thierry Bodin, coordinateur CGT chez Sanofi, très remonté contre le nouveau plan de restructuration des activités de Recherche et Développement présenté par la direction du groupe pharmaceutique, mercredi 19 juin. « On a un site qui ferme, 300 suppressions d'emplois, près de 200 transferts », explique-t-il, rappelant au passage que le nombre de chercheurs de l'entreprise est déjà passé de « 6 300 en 2008 à 3 800 au début 2019 ».
Une coupe claire dans les effectifs également lourde de conséquences, au-delà de l'aspect humain, en termes de santé publique. Car cette énième restructuration annonce surtout «  une perte d'expertise majeure et, évidemment, des capacités en moins pour répondre aux besoins de santé » prévient le syndicaliste.
« Ce plan comprend un arrêt d'axes de recherche en cardiologie, une diminution des capacités de recherche dans le système nerveux central, avec abandon de toute recherche sur Alzheimer et les anti-infectieux. En contrepartie, la direction dit vouloir renforcer la recherche sur le dernier axe restant, l'oncologie et l'immuno-oncologie, tout ce qui est cancer et traitements des cancers, et sur le “biologique”, les molécules injectées par voir intraveineuses, au détriment du chimique, qui se prend en général par voie orale », détaille Thierry Bodin.

Une réorientation des activités de R&D purement « financière »

 

« Ce n'est pas la réponse aux besoins de santé qui les intéresse, mais l'axe thérapeutique qui va leur faire gagner le plus d'argent possible », déplore le syndicaliste qui en veut pour preuve l'arrêt de toute recherche sur la maladie d'Alzheimer par les laboratoires pharmaceutiques après que les traitements ne sont plus remboursés par la Sécurité sociale depuis l'année dernière. « Ils se focalisent sur les axes de recherche les plus rentables en abandonnant ceux, comme par exemple les anti-infectieux, où il y a encore de nombreuses maladies, mais pas forcément dans les pays les plus solvables. »
Quant aux « renforcements » annoncés par Sanofi sur le dernier axe restant, ils laissent là encore Thierry Bodin perplexe. « Ce renforcement se fait uniquement par le reclassement des salariés qui vont perdre leur poste. Le problème, c'est que tu ne deviens pas chercheur en oncologie quand tu as été dans le cardio comme cela. Pareil quand tu passes du chimique au “biologique”. Il faut au moins 5 ans pour commencer à être efficace. »
Une stratégie d'autant moins compréhensible que Sanofi est loin d'être dans le rouge. « Sanofi est troisième entreprise la plus bénéficiaire du CAC 40. Elle a fait près de 7 milliards de profits en 2018 et chaque année, c'est entre 4 et 5 milliards qui sont reversés aux actionnaires , remarque le syndicaliste. Et ce qui est quand même incroyable, c'est que chaque année, Sanofi touche du gouvernement français 130 millions d'euros de crédit d'impôt recherche. Pour supprimer des postes ? »